Dans Play Boy et dans Love Me Tender (Stock, 2018 et Flammarion, 2020), cette avocate, mariée et mère d’un petit garçon, racontait comment elle avait tout quitté pour écrire et vivre son homosexualité sans compromis. Après s’être débarrassée de presque tout (« De la famille, du mariage, du travail, des appartements, des choses, des êtres. »), Constance Debré poursuit sa radicalisation.
Avec Nom, qui claque comme un immense refus, elle profite de la mort de son père pour liquider un héritage familial encombrant, malgré les ministres, les académiciens ou les comtes : « Toute famille crée sa folie et l’alimente puisqu’elle ne tient que par elle. »
En couverture, son intransigeance crève les yeux dans sa panoplie de soldat en permission. Cheveux ras, blouson de cuir, jean, t-shirt. À cinquante ans, c’est le résultat de la discipline qu’elle s’impose et ne se prive pas de raconter : gymnastique, séances à la piscine, drague. Elle nous le dit avec un mélange d’étonnement et de fierté (et une bonne dose de narcissisme) : « Aujourd’hui j’ai un corps. »
Elle y raconte les derniers jours de la vie de son père, tout en se remémorant des épisodes de son enfance, coincée entre un père journaliste et une mère « née dans un château », deux bourgeois camés à l’os, adeptes de l’opium. Le présent, lui, s’exprime entre une histoire de cul et une pensée pour son fils de douze ans, pas vu depuis quatre ans. « Ce sont des choses qui arrivent quand on change de vie », écrit-elle.
Pour Constance Debré, la famille n’existe plus. Ce n’est qu’une croyance, comme le sont le marxisme, le capitalisme ou la psychanalyse. On peut décider de cesser d’y croire. Ce qu’elle fait en déconstruisant sa propre histoire familiale, avant de lui mettre le feu.
Et aussi (même si tout son livre pourtant nous dit l’inverse) : « Les événements de l’enfance n’ont aucun rapport avec l’enfance. » Une phrase, c’est possible, qu’un psychanalyste aura peut-être du mal à faire comprendre à son fils dans quelques années.
À coups de phrases courtes, jamais avare de paradoxes, rejetant ses origines bourgeoises — qui l’ont faite et ont nourri sa révolte —, Constance Debré explique faire des livres « contre la vie lamentable ».
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