Les secrets intérieurs
Martine Audet nous propose son recueil le plus accessible. S’y offre le frôlement de ce qui frissonne à fleur de peau. « Je sais que le coeur a la taille d’un poing, / mais qu’empoigne-t-il du monde / qui ne soit pas la pluie, / pas la croix des pluies, / ni sa blessure / qui étincelle ? » C’est toujours d’une grande beauté formelle et évocatrice. Jamais Audet n’aura-t-elle mieux atteint cette fragilité émotive, car, ici, « au plus près de la nuit, / la nuit est déposée », « c’est ainsi que les peines / ont d’autres yeux / de peine ». Tremble alors la gravité des sentiments avouée sans détour : « […] j’entends à chaque mort : sois complice ! » et d’ajouter : « D’ailleurs, / je suis tout habillée / de noms. » Il faut souligner la justesse de la dernière partie, offerte à Louise Lecavalier, autour de la danse. La grande réussite de ces poèmes tient à leur mouvement, parfaitement adéquat, où les mots dansent : « demi-pointes / avec du noir filtré / elle / il / et/ou / pas il / lorsque / le pas / la multiplie. »
Hugues Corriveau
Des formes utiles
★★★★
Martine Audet, Le Noroît, Montréal, 2023, 96 pages
Savoir vivre
En écoutant Leonard Cohen, voilà bien comment cette Personne seulement se dévoile. Comme s’il fallait entendre les modulations graves de la voix de « l’ange de Montréal » afin que puissent s’attendre les « lettres de rêves / en attente de leur phrase ». La nature, qu’elle soit forestière ou urbaine, emporte Laure Morali, la calme (mot secret de ce recueil) et l’amène à la contemplation. « Ouvrons les yeux comme l’arbre / nous avons des racines au ciel » dit-elle, « ce serait un matin comme les autres / avec ses deuils et ses défaites / si une feuille ne s’arrachait / de
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