Source : Le Devoir
Cartographie intime
Claude Paradis l’admet d’emblée : « La vie est un poème très simple. » Préoccupé par le temps fuyant, il tente de dégeler son existence au gré de déambulations, nous livrant une poésie réflexive et toute simple, en effet, comme la vie peut l’être. Le chemin est sinueux, pourtant, et d’ailleurs ses pieds s’égarent, nous menant à de nombreuses redites, où horizons, miroirs fracassés et amour de la poésie se confondent dans un ressassement agaçant. Quelques vers ordinaires n’aident pas : « Je traverse plus vite / des rues ternes où les automobiles / se stationnent le soir, à raison de deux / ou trois par maison. » Or, la troisième partie rejoint des pas précieux, rendus émouvants par la présence de sa mère mourante : « Ensemble, nous allions nulle part, / nous tentions juste de ne pas poser / son dernier pas. » Alors, le décor et les images, même semblables, s’incarnent avec force, faisant battre les mots : « On se trompe si souvent / quand on va tête baissée sur le chemin, / on ne voit pas le bout du monde / au bord de soi. »
Écrire son nom dans la poussière
★★1/2
Claude Paradis, Mains libres, Montréal, 2025, 90 pages
Un refuge à apprivoiser
Rosettes, de Benoit Bordeleau, est tressé d’une immersive et singulière poésie en prose. Il n’y a, pour l’occasion, presque rien, sinon les contours d’une maison, quelques personnages qui se grefferont les uns aux autres, des alentours à inventer, à investir. Tout est en germe. Un ouvroir de littérature potentielle, pourrait-on dire. Oui, Italo Calvino n’est jamais bien loin, dans ce jeu entre un réel imaginé et
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