Aussi vaste que l’ouest du vent
Virginia Pesemapeo Bordeleau revient à la poésie après un hiatus de six ans. Elle ne s’est pas arrêtée pour autant. Au contraire bien en mouvement, comme la langue d’Iskoude outaban, « la voiture de feu », son plus récent recueil de poésie, où elle « traverse un continent de brume opaque / un lieu écarté / qui se déplace au fil du temps ». Le territoire est mémoire, et la poète s’enfonce en lui en ressentant chacune de ses blessures : « des forêts pareilles à des fantômes / de bêtes abattues / coupées à blanc ». Paysage affectif de son intériorité, la poète y trouve aussi la force de poursuivre son avancée : « des montagnes murmurent en moi / me disent qu’il y a encore à vivre ». On chemine à petits pas, comme on cherche parfois la paix, à tâtons. Et tandis qu’une violence subsiste de la traversée des « ruines de l’été », la beauté demeure « une abondance offerte au soleil promis ». Ainsi en témoigne le refrain de deux vers, « je me donne aux mots doux / que je tresse pour l’oubli », prière réparatrice qui dicte la cadence de cette lumineuse ode aux lendemains qui chantent.
Yannick Marcoux
Iskoude outaban
★★★1/2
Virginia Pesemapeo Bordeleau, Quartz, Rouyn-Noranda, 2024, 88 pages
Un cœur sans cloison
Près de 50 ans après Poèmes de la mer pays, son premier livre, et plus de 25 ans après Fleuves, le Saint-Laurent court toujours dans les veines de Paul Chanel Malenfant. Dans son plus récent recueil, Au passage du fleuve, Magtogoek est à la fois « palimpseste », « palindrome enroulé autour de la terre » et tributaire d’une mémoire
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