On connaît la réputation sulfureuse de R.J. Ellory — critiques élogieuses de ses propres livres sous un nom d’emprunt, démolissage en règle des livres de ses confrères, appartenance à l’Église de scientologie, etc. —, mais on ne soulignera jamais assez ses talents d’écrivain absolument exceptionnels. Il est de ceux qui, en quelques lignes à peine, réussissent à vous installer de plain-pied dans un décor odorant débordant de couleurs puis, trois mots plus tard, dans une grisaille sans nom. C’est précisément le cas ici dans Omerta, un récit déroutant fait de contrastes et de désillusions en série.
Tout s’amorce en Floride, alors que Roger Jon réussit, en à peine quelques paragraphes, à nous faire sentir le mélange d’odeurs incomparable qui dessine à lui seul le pourtour de la côte de Miami. Puis, une fois qu’on y est vraiment, au point d’entendre la rumeur de la ville au loin, le cri des mouettes et le clapotement des vagues, voilà qu’il nous plonge d’un coup sec dans les rues de New York, à quelques jours de Noël, tandis qu’un vent froid et humide annonce la neige.
Nous suivons en fait un certain John Harper, journaliste pour un quotidien de Miami, qui vient de répondre à la requête d’Evelyn — la femme qui l’a élevé quand sa mère est morte — de rentrer à New York sans tarder. Le voilà donc chez sa tante, où il apprend que le père qu’il n’a jamais vu, et qu’il croyait avoir perdu il y a plus de
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