Paru en premier sur (source): journal La Presse
Publié à 9 h 00
Une suite attendue aux États-Unis…
Aux États-Unis, l’arrivée sur les tablettes de la suite des romans Fourth Wing et Iron Flame était attendue avec impatience. L’engouement pour cette série souvent décrite comme un mélange de Hunger Games, Harry Potter et Game of Thrones ne cesse de grandir depuis la sortie des deux premiers tomes en 2023. Semaine après semaine, ils apparaissent sur le palmarès du New York Times. À quelques jours de la parution d’Onyx Storm, ils trônaient même au sommet du classement.
… et au Canada
Le phénomène a également traversé la frontière. Plus de 200 000 exemplaires ont été vendus au Canada. « C’est un énorme succès », confirme Mathieu Trahan, d’Indigo, l’une des chaînes ayant organisé des lancements nocturnes. Parues en 2024, les versions traduites en français – qui ont gardé leur nom original – se sont hissées au deuxième et au quatrième rang du palmarès francophone annuel d’Indigo. Avec un peu de retard par rapport au marché anglophone, la série attire de plus en plus de lecteurs québécois qui préfèrent lire dans la langue de Molière. « Je sens exactement le même décalage qu’on a connu avec les succès monstres qu’ont été dans le passé Hunger Games, Twilight et Harry Potter », souligne le directeur du commerce en français chez Indigo. Même si la version traduite d’Onyx Storm ne paraîtra au Québec qu’en août, des clients ont déjà précommandé leur exemplaire sur le site de la chaîne. Actuellement en développement, la série télévisée basée sur les livres, pour laquelle aucune date de sortie n’a été annoncée, nourrira également la popularité des romans, croit Mathieu Trahan.
Une histoire de dragons
PHOTO NINA WESTERVELT, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Un exemplaire de Fourth Wing, le premier tome de la série
Que raconte cette série de romantasy – genre littéraire qui mêle la romance et le fantastique –, prévue pour s’échelonner sur cinq tomes ? Fourth Wing débute alors que l’héroïne, Violet Sorrengail, traverse les difficiles étapes pour accéder au Quadrant des cavaliers, l’une des quatre spécialités de l’Académie de la Guerre de Basgiath. Elle devra surmonter des épreuves cruelles, conçues pour éliminer les plus faibles, dans l’espoir de se lier à un dragon. Dans cette école, les élèves flirtent chaque jour avec la mort. C’est d’autant plus vrai pour la frêle Sorrengail, qui porte un nom de famille méprisé par plusieurs. La série, c’est aussi une histoire d’amour entre deux êtres qui semblaient pourtant incompatibles – certains passages torrides s’adressent d’ailleurs à un public averti. Quant à Onyx Storm, le web regorge de théories sur son histoire. « Les fans peuvent s’attendre à voir Violet avec une seule motivation : celle de sauver [son amoureux]. Vous allez suivre les répercussions de ce qui a été révélé dans Iron Flame. Je pense que c’est la chose la plus importante que je puisse annoncer avant qu’un éditeur ne me plaque au sol », s’est contentée de dévoiler Rebecca Yarros, dans le plus récent magazine américain Elle.
Comme un film
Un roman avec des dragons ? « Bof », se disait Kelly Allard, avant de commencer Fourth Wing. « Ça faisait des années que je n’avais pas lu de fantastique. […] Mais après cinq pages, j’étais déjà convaincue », indique-t-elle, en entrevue téléphonique. Qu’est-ce qui a charmé cette lectrice, qui a très hâte de découvrir le troisième tome ? « La plume de l’autrice. […] Tu lis le roman, mais tu as l’impression de regarder une série ou un film. » Une observation que partagent les trois autres fans à qui La Presse a parlé. « Dans les livres fantastiques, le rythme est généralement plus lent, souligne Gabrielle Emond. On prend beaucoup de temps pour décrire ce qui se passe. Là, on te plonge dans l’action. […] C’est plus immersif comme type d’écriture. Je pense que c’est pour ça qu’on trippe autant. » La vingtenaire a entraîné son conjoint, Pierre-Étienne Marcoux, et sa belle-sœur, Alexandrine Marcoux, dans cet univers. Tous ont embarqué dans la saga à un point tel qu’ils ont fait des soupers thématiques pour discuter des romans. « C’est la première fois que je fais quelque chose comme ça, dévoile Alexandrine Marcoux. J’adore vraiment cette série. » « Il y a plein de surprises. […] J’avais du mal à arrêter de lire », confie son frère.
L’impact des réseaux sociaux
PHOTO NINA WESTERVELT, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Des fans rencontrent l’autrice Rebecca Yarros, à New York, en octobre 2023.
À l’instar d’autres titres de romantasy, les romans de Rebecca Yarros ont suscité beaucoup d’engouement sur TikTok et Instagram. Certains se sont notamment filmés alors qu’ils découvraient la fin surprenante de Fourth Wing. De quoi intriguer de futurs lecteurs. Mathieu Trahan d’Indigo trace un lien direct entre les communautés BookTok et Bookstagram et la montée en flèche de la popularité de la littérature romantique, dont La Presse a récemment parlé. « Les gens se sont approprié cette tendance-là et la portent. Dans l’industrie du livre, on essaie de suivre la parade et de soutenir cette passion des lecteurs », affirme-t-il. La littérature fantastique et romantique, « ce sont des genres littéraires lus par des gens passionnés, qui sont fans et qui lisent obsessivement », observe Sylvie Trottier, copropriétaire de la nouvelle librairie bilingue spécialisée en romance et en imaginaire Joie de livres, qui a organisé un évènement pour la sortie d’Onyx Storm même si le commerce, situé dans le Mile End, n’ouvrira officiellement qu’au printemps. Selon elle, les publications sur les réseaux sociaux nourrissent un « cercle vertueux » : plus les fans en parlent, plus il y a de gens qui lisent les romans et qui deviennent fans à leur tour.
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L’autrice
PHOTO JOANNA KULESZA, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Rebecca Yarros
Avant de publier Fourth Wing et ses suites, Rebecca Yarros a écrit une vingtaine de livres romantiques, mais aucun n’a connu un succès aussi flamboyant que sa saga mettant en scène des dragons. Pour elle, il s’agit d’une première incursion dans le monde fantastique. Elle s’est toutefois inspirée de sa vie pour créer l’histoire de Violet Sorrengail. Fille de militaires, conjointe d’un vétéran blessé en Irak, elle parle de la guerre dans ses écrits, car elle souhaite amener les gens à se questionner sur le sujet, a-t-elle expliqué dans Elle. L’autrice a également donné à son héroïne les maladies chroniques dont elle-même souffre, qui lui causent notamment des douleurs musculaires, des migraines et des étourdissements. « Le personnage de Violet est conscient de ses fragilités, mais elle est capable de passer par-dessus. C’est intéressant d’avoir ce genre de représentation dans un livre », observe Sylvie Trottier, de la libraire-café-bar Joie de livres.

Onyx Storm
Entangled Publishing
544 pages