Paru en premier sur (source): journal La Presse
Paris Hollywood est un roman qui se dévore. On rit du début à la fin, grâce à la plume de l’autrice Cécile Mury et aux maladresses de l’héroïne Marianne Corvo, jeune critique de cinéma, qui va vivre une incroyable histoire d’amour avec Ben Whyte, star mondiale et sex-symbol.
Publié à 9 h 00
Cécile Mury, critique de cinéma au magazine culturel français Télérama, signe avec Paris Hollywood son premier roman et vit un véritable conte de fées, comme son héroïne Marianne Corvo. Avant même la sortie de son roman plus tôt ce mois-ci, les droits cinématographiques ont été acquis par la maison de production française Haut et Court et la britannique Good Chaos, séduites par cette comédie romantique.
« Je suis sur un petit nuage, je suis émerveillée, je n’arrive pas à le réaliser », confie l’autrice en entrevue téléphonique. « J’étais tellement heureuse que le roman trouve un éditeur comme Flammarion et Édito, mais l’adaptation au cinéma, c’est bien au-delà de ce que j’espérais », dit-elle.
L’histoire d’amour entre Marianne Corvo, jeune journaliste française, et la star (fictive) Ben Whyte a tous les ingrédients pour devenir la comédie romantique de l’été dans les librairies.
On se prend même à rêver, nous aussi, journaliste, et à se dire qu’il est possible qu’une star hollywoodienne tombe sous notre charme lors d’une entrevue en pleine opération promotionnelle d’interviews à la chaîne (ce qu’on appelle un junket de presse), et débarque dans notre appartement.
« On est dans un conte de fées, rien n’est complètement impossible, mais il faudrait vraiment des circonstances particulières. Même s’il y avait un coup de foudre, il y a beaucoup d’obstacles, tout est tellement contrôlé lors de ces entrevues, tout est chronométré, formaté, il n’y a pas assez de temps pour que des liens se créent », confie la romancière.
Une rencontre qui décoiffe
Lors de la rencontre avec Ben Whyte, Marianne Corvo enchaîne les gaffes. Elle renverse la cafetière sur son jean, s’assoit sur un attaché de presse, puis ses cheveux se mettent à brûler lorsqu’elle penche la tête vers une bougie.
« Je me suis demandé ce qui pourrait retenir l’attention d’une vedette un peu blasée lors d’une entrevue. Qu’est-ce qui pourrait créer une rupture ou un étonnement ? J’ai donc imaginé Miss Catastrophe qui vient détraquer une mécanique bien huilée, car la machine hollywoodienne ne supporte pas le déraillement », explique Cécile Mury, très amusée.
Ben Whyte est ravi de ce désordre, ça le sort d’un ennui abyssal. Il n’aime pas les junkets et tout à coup, il rencontre cette catastrophe ambulante.
Cécile Mury, au sujet des personnages de son roman
Cécile Mury s’est inspirée de son expérience, car elle semble elle aussi de nature distraite : elle vient de perdre son téléphone cellulaire et nous raccroche au nez en pleine discussion en appuyant malencontreusement sur une touche d’un vieux modèle de téléphone qu’elle a récupéré.
« Avec ce roman, j’ai voulu exorciser ma peur des entrevues, ma peur de faire des gaffes, de ne plus trouver de questions, d’avoir des blancs, d’être trop intimidée. Est-ce que je serai à la hauteur ? Est-ce que je vais perdre mes moyens ? Ces questions m’ont longtemps hantée », dit celle qui est critique de cinéma depuis plus de 30 ans.
Elle a beaucoup observé le milieu pendant ces années, entre les festivals, les tournages de films et les évènements de promotion. « Le ballet des attachés de presse, des agents, des assistants, du personnel autour des stars américaines, tout ce cérémonial, tout le monde qui s’agite, qui veut tout contrôler et qui vous interrompt en pleine phrase lors des entrevues, car le temps est écoulé. »
La vedette et l’individu
Cette histoire d’amour nous fait penser au film Notting Hill, où le libraire londonien William Thacker (Hugh Grant) rencontre la star Anna Scott (Julia Roberts). Tombe-t-il amoureux de l’image de la vedette internationale ou de la personne qu’elle est vraiment ? Cette question est posée dans Paris Hollywood. La relation entre Ben Whyte et Marianne Corvo est-elle réelle ? Qui est l’individu derrière la vedette ? Quelle est son histoire, au-delà de la gloire, de la célébrité, des films ?
« Marianne Corvo sent qu’elle va être absorbée dans un maelstrom insensé, que sa vie va changer, et elle se demande si Ben Whyte, au-delà de la star qu’il est, en vaut la peine. Elle hésite alors qu’au départ, elle est complètement fascinée par lui, par tout ce qu’il dégage, car elle est encore la spectatrice. Mais quand il faut entrer dans la réalité, c’est une autre affaire. Envisager une relation, ça devient difficile d’y croire et de se lancer. »
Cécile Mury adore les comédies romantiques et cite les films The Shop Around the Corner, When Harry Met Sally, Bridget Jones. « C’est difficile de faire une vraie bonne comédie romantique au cinéma. C’est un exercice de style. J’avais envie de jouer avec les clichés et d’inventer un acteur qui représente tout le cinéma hollywoodien populaire et j’ai eu beaucoup de plaisir à créer Ben Whyte. »
Il faudra être patient avant de voir l’adaptation du livre portée au grand écran. Et qui pourrait incarner Ben Whyte ? « J’ai commencé à écrire il y a 25 ans, en ayant en tête Russel Crowe qui jouait dans Gladiateur. Son physique, son charisme, son côté un peu sombre. Mais les années ont passé, le personnage a évolué et ce serait plutôt Paul Mescal. C’est le descendant de mon Ben Whyte ! »

Paris Hollywood
Éditions Édito
438 pages