Lilia Imbody, 81 ans, habite dans une résidence pour personnes âgées. Pour cette vieille Américaine malcommode, « toute personne qui s’asseyait à côté d’elle tombait dans la catégorie des indésirables ». Après trois mariages et cinq enfants lui ayant donné à leur tour 17 petits-enfants, elle repense à ses liens avec les gens qui l’entourent, comme son dernier mari ou sa fille Lucy, qui s’est suicidée.
Ce flux ininterrompu de pensées, où le deuil occupe une place importante, est nourri par la publication du journal posthume d’un ancien amant — et père secret de sa fille Lucy —, Roland Bouley, un séducteur impénitent « qui n’avait principalement aimé que lui-même ». Lilia l’a connu en 1945 quand elle avait seize ans et était alors prête à tout pour s’émanciper.
Dans Partir quand même, le quatrième roman de l’Américaine Yiyun Li, Lilia fait des allers-retours entre le présent et le passé, affrontant l’inévitabilité de la mort et de sa propre disparition. En pensée, elle revit ses erreurs et rumine de nombreux regrets, en particulier en ce qui concerne sa relation avec Lucy, plus que jamais consciente de ses propres limites en tant qu’être humain. « Les jours après l’amour sont longs et vides », dira-t-elle.
La protagoniste repense aux histoires des personnes qui l’entourent et aux influences qu’elles ont eues sur sa propre vie. Ce qui fait de ce livre — qui manque parfois un peu de rythme — une conversation avec les morts, ainsi qu’une méditation sur la nature de la mémoire et de la narration.
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