Les autodafés font les nouvelles
Margaret Atwood tentant de brûler l’édition ignifuge de son roman avec un lance-flammes1
(Photo : Capture d’écran YouTube / Random Penguin House)

Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes – Heinrich Heine
Par David Venturelli
On me pardonnera le titre de cet article. Dans un monde instruit, cultivé, peut-être même savant, il paraît bien incongru je m’en rends compte. Ce monde semble tirer à sa fin, s’il n’a jamais existé. La menace vient des États-Unis notamment, où le livre devient objet de méfiance, de haine même. Censure, mise à l’index, bannissement sont des mots que l’on croyait d’un autre temps, à la merci de despotes, moralisateurs, petits prêtes et dévots de toutes sortes.2
Cela étant dit, il m’est arrivé d’en jeter un au feu. C’était un exemplaire de «Cinquante nuances de Grey». Dans un moment de profond dégout, je l’ai foutu dans mon âtre. Il a fait une bonne flamme et j’ai aimé le voir se consumer lentement. En voilà un qui ne fera plus de tort à ses lecteurs. D’ailleurs, ce livre m’avait été prêté à ma demande par un ami. Il ne l’a jamais réclamé (c’est pourquoi il est encore de mes amis). Si sa lecture n’a pas réchauffé mon âme, loin de là, ce roman a réchauffé mon salon. Ça été une belle découverte: un mauvais livre fait une bonne bûche.
Évidemment, c’était un acte personnel, un choix de lecteur. Je ne prétends pas donner de leçon. J’ai mis ce livre au feu, mais pas au bûcher; en somme, pour le soustraire à mes yeux seuls et non pas à la société.
Après tout est-ce que nous n’avons pas l’envie parfois, en tant que lecteur. de passer notre déception, notre rage ou notre mépris sur un livre ? Oh que oui! Et ce n’est pas bien grave. Tant et aussi longtemps qu’on en demande pas le retrait de nos bibliothèques.
Et si vous aviez un livre à brûler, lequel serait-ce ? Partagez-nous votre object de répugnance.