Il y a 46 ans, soit le 15 mars 1977, l’écrivain montréalais Hubert Aquin se tire une balle fatale dans le front, à 47 ans, dans les jardins du collège Villa Maria, sur le versant du mont Royal. À une confidente, la critique littéraire Patricia Smart, l’indépendantiste désespéré avait dit : « [René] Lévesque ne fera jamais l’indépendance ; il va négocier jusqu’à la fin du monde. » Pour sa compagne, Aquin appelle son suicide l’acte « positif » « d’un vivant ».
Andrée Yanacopoulo, cette compagne, explique qu’après la victoire électorale du Parti québécois en 1976, l’écrivain « se remit à croire que le Québec pourrait avoir besoin de lui ». Il fut très déçu qu’on ne fît pas appel à ses services, car, ajoute-t-elle, il était « prêt à se donner tout entier à l’édification de son pays ». Le témoignage révélateur compte parmi les 70 textes, au moins, parus dans les médias écrits et reproduits dans Portraits d’un suicidé, ouvrage de François Harvey, historien de la littérature.
Dans le livre, le spécialiste décortique avec brio tout ce qui, entre le 16 mars 1977 et le mois d’octobre 1978, concerne la mort d’Aquin. S’y trouve le premier hommage rendu, dès le 17 mars, à l’écrivain par Jean Basile, critique littéraire au Devoir, avec un jugement lumineux surl’extrême singularité du créateur : « Il vivait en hauteur dans un univers à l’horizontale. »
Un parti pris a résonné, comme la foudre, dès 1965, dans Prochain épisode, roman un peu autobiographique du futur suicidé. Après le déclin du mouvement indépendantiste à partir de 1995, ces mots acquièrent quelque chose de
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