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Poudreuse | Un roman poignant sur la perte, la dépendance et l’itinérance

Paru en premier sur (source): journal La Presse

Bien des gens lui demandent si c’est son histoire à elle que Sophie Lalonde-Roux raconte dans son premier roman, Poudreuse. Si elle s’est inspirée de choses qu’elle a vécues pour imaginer celle de Loup-Antoine, qui se retrouve à la rue quand sa mère le met dehors.


Publié à 1h26

Mis à jour à 12h00

Mais l’autrice n’a jamais dormi sur un banc de la place Émilie-Gamelin. C’est juste que sa plume sonne si vrai dans ce récit déchirant, écrit à la première personne dans une langue parlée crue, et même parfois brutale, qu’on a l’impression que Loup-Antoine nous la raconte lui-même, son histoire, assis sur son banc de parc.

Poudreuse, c’est une histoire qui va droit au cœur. Celle d’un gars dans la jeune vingtaine qui ne sait pas trop ce qu’il veut faire de sa vie. Et qui consomme. Beaucoup, et de tout. Quand un drame fait déborder son vase, il dérape complètement. Au bord du gouffre, il finit par quitter Montréal pour la Gaspésie, loin de tout ce qui lui fait mal. Car peut-être qu’au « bout du Québec », il réussira enfin à guérir de ce qui le fait tant souffrir.

L’océan fait que c’est comme un infini de possibilités qui est devant lui. Mais de l’autre bord aussi, c’est un infini de possibilités.

Sophie Lalonde-Roux

À 27 ans, celle qui a décidé de rendre hommage à son auteur fétiche, Albert Camus, en se faisant tatouer sur chacun de ses avant-bras un portrait de l’empereur romain Caligula (personnage de la pièce de théâtre du même nom qui a changé sa vie), ne croyait jamais rien publier de sa vie. Et ce, même si elle écrit depuis qu’elle a l’âge de tenir un crayon – en témoignent toutes les feuilles volantes noircies par son imaginaire de petite fille puis d’adolescente, et qu’elle a précieusement conservées.

Inspirée par la misère au parc Émilie-Gamelin

Poudreuse est né à la fin de son parcours au cégep, où elle est retournée de 2016 à 2018 pour étudier en création littéraire, après avoir longtemps cherché sa voie. « J’écrivais pour moi, mais je n’ai jamais vraiment essayé d’écrire sérieusement avant de me mettre à lire plus et d’être plus sérieuse avec mes études. J’étais au cégep du Vieux Montréal et je débarquais tout le temps au métro Berri-UQAM. Je les voyais, les sans-abri, au parc Émilie-Gamelin, et je trouvais ça triste. C’est un peu inspiré de ce que je voyais tous les jours. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Sophie Lalonde-Roux, au parc Émilie-Gamelin

À ces 12 pages – qui n’auraient jamais été ce qu’elles sont sans ce professeur qu’elle remercie à la fin du livre –, Sophie Lalonde-Roux a eu envie de rajouter des scènes au fil des ans, en prenant de « grands, grands breaks » entre les périodes d’écriture.

Je ne me suis jamais assise, mettons, quatre jours de suite pour écrire. Il y avait une espèce de longue réflexion. J’avais 20, 21 ans quand j’ai commencé à écrire l’histoire, ce qui fait que le personnage de Loup-Antoine a un peu grandi avec moi.

Sophie Lalonde-Roux

Entre-temps, son travail en pharmacie l’a mise en contact avec « plein de gens différents » qui vivent parfois des situations très difficiles. Qui l’ont fait réfléchir à notre rapport avec la mort, le deuil, la perte. C’est là également qu’elle a découvert qu’il existait un programme de méthadone pour venir en aide aux personnes souffrant de dépendance aux opioïdes. Qu’elle a vu des gens revenir voir leur pharmacien, encore et encore, pour obtenir de nouvelles doses de méthadone, essayant de cacher leur honte d’avoir échoué à rester « clean ».

« On le voit, juste avec les gens qui essaient d’arrêter de fumer la cigarette, combien de fois ils essaient, puis combien de fois ils lâchent les patchs. Puis là, on parle de drogues qui sont ultra-addictives », dit-elle, tout à fait consciente de la lutte que cela représente.

Si elle sait qu’elle va continuer à écrire – avant tout pour elle, et pas nécessairement pour être publiée –, Sophie Lalonde-Roux a désormais trouvé sa voie. C’est en psychologie qu’elle étudie désormais, après avoir songé puis renoncé à des études en littérature. C’est là qu’elle se sent à sa place, parce qu’elle aime réfléchir à « ce qui se passe dans la tête des gens ». À ce qui fait que certaines personnes sont plus outillées pour faire face à la vie, tandis que d’autres doivent composer avec une profonde angoisse existentielle, sombrent dans la dépendance ou se retrouvent dans la rue.

Et c’est sûrement la psychologue en devenir qui lui a permis d’entrer dans la tête de Loup-Antoine avec autant d’empathie.

Poudreuse

Poudreuse

Sophie Lalonde-Roux

L’instant même

120 pages

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