Image

Prix de poésie 2023 : enthousiasme et curiosité, les clés de la réussite pour le jury

 

Tout lire sur: Radio-Canada Livres

Source du texte: Lecture

Jonathan Roy, Diane Régimbald et Chloé forment le jury du de Radio-Canada 2023.

Photo : Radio-Canada / David Champagne/Mélanie Saumure/Camille Gladu-Drouin

Radio-Canada

Les poètes Diane Régimbald, Jonathan Roy et sont les trois membres du jury du Prix de poésie Radio-Canada 2023. En entrevue, le trio parle de son amour de la poésie, évoque ses projets d’écriture, propose des suggestions de recueils et révèle une savoureuse anecdote entre et Gilles Carle.

L’engagement envers l’autre de Diane Régimbald

Il y a maintenant 30 ans que la poète Diane Régimbald a publié son premier livre, La seconde venue. Une dizaine d’autres ont suivi. Ses publications se sont faites au rythme des aléas de sa vie familiale et professionnelle. Je faisais tout en parallèle, mais en me donnant du temps. […] J’ai toujours eu cet intérêt pour la poésie et j’ai toujours été présente dans le milieu.

La poète Diane Régimbald regarde la caméra.

La poète Diane Régimbald

Photo : Mélanie Saumur

Pour Diane Régimbald, la poésie est un langage riche qui permet d’incarner une pensée. La poésie permet une plongée dans cette pensée qui va s’ouvrir à une altérité qu’on porte en soi. Elle permet aussi d’aller à la rencontre des autres, dit-elle.

La rencontre des autres est d’ailleurs un sujet omniprésent dans son discours, tout comme l’engagement fait partie intégrante de son parcours. Diane Régimbald œuvre au sein du Comité femmes de P.E.N. (organisme de défense du droit d’expression) et est également secrétaire générale de l’Académie des lettres du Québec. Elle juge cet engagement indispensable pour sortir de l’isolement et provoquer des moments de partage et d’idéation.

« Pour moi, l’écriture est un voyage. Elle permet un déplacement hors du commun pour créer et rencontrer. Je trouve très important. J’ai fait des résidences d’écriture et ça m’a permis de voir comment mon écriture se déplaçait dans des territoires ou des villes autres que les miennes. Ces espaces étrangers m’amènent à être dans un mouvement inconnu et dans une certaine fragilité.  »

— Une citation de  Diane Régimbald

Dans son dernier recueil, Au plus clair de la lumière Chant pour l’enfant qui revient (2021), ses poèmes de 12 lignes bien comptées, écrits à l’impératif, ont graphiquement la forme de fenêtres. Ce n’était pas un impératif d’ordonner; je voulais d’abord ouvrir à ce qui se passe dans le , aux urgences, à la fragilité d’être, à la vulnérabilité. J’aime travailler entre le fond et la forme pour donner une proposition nouvelle.

Diane Régimbald travaille actuellement sur Échographies, un projet qu’elle termine en France et qu’elle a fait en collaboration avec une graveuse. Une autre publication, prévue pour l’an prochain, pose plusieurs questions identitaires. Qu’est-ce qu’être une fille? Qu’est-ce qu’être une mère? Cette fille-là qui peut devenir mère, mais qui demeure toujours cette fille… Ce recueil s’intitule, pour le moment, Permutées, au féminin pluriel, comme elle le précise.

La poésie m’a appris à savoir questionner le vivant. Pas seulement les êtres humains, mais tout ce qui bouge autour de soi, conclut-elle.

Jonathan Roy veut démocratiser la poésie

Figure très active dans le milieu littéraire acadien, Jonathan Roy croit à la démocratisation de la poésie. Ça ne sert à personne de trop élever la poésie sur un piédestal, dit-il.

En tant que membre du jury du Prix de poésie, il espère se faire surprendre, se faire ramasser par un poème. À titre de directeur du Festival acadien de poésie, il a ce mandat de dépisteur de nouveaux talents et cultive un optimisme certain : Ça augure bien pour l’avenir de la poésie chaque fois qu’on découvre un ou une nouvelle poète.

Le poète barbu explique sa démarche à l'animatrice.

Le poète Jonathan Roy

Photo : Radio-Canada / Christian Côté

Jonathan Roy est le premier à occuper la fonction de poète officiel de la Ville de Caraquet : Mon rôle, c’est d’amener le discours poétique un peu plus à l’avant-plan dans la conversation publique.

Pourquoi a-t-on l’impression que la poésie est un art élitiste? Peut-être un vestige des cours classiques où l’éducation était réservée aux familles mieux nanties, donne-t-il comme hypothèse. La poésie, c’est l’art de la parole, et la parole, elle appartient à tout le monde. […] La poésie peut être appréciée pour plein de raisons. Si elle te fait vivre quelque chose, peu importe ce que c’est, le poème a réussi sa job.

Il soutient que la prédominance de la poésie en Acadie est indéniable depuis les années 1970. Dès le départ, ça a accompagné les luttes identitaires ou sociales des Acadiens. Pour la spontanéité, la forme courte permet de dire et d’évoquer [des idées] rapidement avec force et avec vigueur. Il continue aujourd’hui de faire rayonner la littérature acadienne en étant codirecteur de la collection Poésie des Éditions Perce-Neige.

Jonathan Roy vient de publier en avril 2023 son troisième recueil, Mélamine méduse, qui est la suite logique de son précédent, Savèches à fragmentation (2019).

« Je voulais poursuivre cette réflexion sur la fragmentation globale qu’apportent la vie numérique, la vie des représentations de soi, d’instantanéité, et la fragmentation de la pensée, parce qu’on est toujours sollicités partout.  »

— Une citation de  Jonathan Roy

L’amour de Chloé Sainte-Marie pour la poésie

Chloé Sainte-Marie est une amoureuse de la poésie depuis longtemps. D’ailleurs, celle qui chante la poésie dans ses spectacles, notamment le dernier, Maudit silence, avoue ne pas lire de romans. Elle apprécie l’aspect guérisseur de la poésie, tant pour la personne qui l’écrit que pour celle qui la lit.

« Ça apaise l’âme, ça guérit le corps, pas seulement l’esprit. La poésie chantée, lue ou dite a un effet guérisseur. Celui qui reçoit ou qui donne en retire les mêmes effets. »

— Une citation de  Chloé Sainte-Marie

Elle ajoute que la poésie a aussi un effet libérateur : Ça donne une force de pensée dans la société dans laquelle on vit, avec les réseaux sociaux. Ce n’est pas facile de trouver et de garder son chemin. Ça donne une liberté et une authenticité qui se scindent du reste de l’écriture. La poésie est un acte libre. Le point commun des poètes est de se donner la possibilité d’écrire librement.

Chloé Sainte-Marie raconte que le poète québécois Gaston Miron avait demandé à son conjoint, le réalisateur , ce qu’il pensait de son poème La marche à l’amour : Gilles lui avait donné ses commentaires, et Miron, du tac au tac, lui a dit : “Tu as eu une idée dans mon idée, donc c’est mon idée.” C’est merveilleux.

Chloé Sainte-Marie tient un micro et chante.

Chloé Sainte-Marie sur scène

Photo : Attraction / Eric MYRE

Dans Maudit silence, Chloé Sainte-Marie chante des poèmes en plusieurs langues venant des premiers peuples des trois Amériques. ans avec , avec les langues autochtones. C’est une synthèse, je voulais aller vers les langues autochtones et créoles. Ça m’a prouvé qu’on est frères, on est dans le même bateau.”,”text”:”Ça a complété ma recherche et mon travail [que je fais] depuis 25ans avec Joséphine Bacon, avec les langues autochtones. C’est une synthèse, je voulais aller vers les langues autochtones et créoles. Ça m’a prouvé qu’on est frères, on est dans le même bateau.”}}”>Ça a complété ma recherche et mon travail [que je fais] depuis 25 ans avec Joséphine Bacon, avec les langues autochtones. C’est une synthèse, je voulais aller vers les langues autochtones et créoles. Ça m’a prouvé qu’on est frères, on est dans le même bateau.

Elle voit son rôle de jury avec humilité : La poésie, c’est libre, donc on peut aimer ou ne pas aimer. On ne peut pas dire si c’est bon ou pas bon. Un poème nous rejoint et un autre ne nous rejoint pas. […] On ne peut pas faire abstraction de soi. C’est pour ça qu’on est plusieurs. Chacun a une vision de la poésie et de ce qui le touche profondément.

Elle donne l’exemple de son travail avec Joséphine Bacon. Ses sonorités me touchent et elle m’a appris sa langue. Mon rôle, c’est d’être sincère avec moi-même et de comprendre le poème qui m’est soumis et [de reconnaître] celui qui me touche le plus.

Les trois juges devront choisir le meilleur poème ou groupe de poèmes inédits soumis au concours cette année.

La particularité de ce concours, ouvert à toute personne qui écrit, de façon amateur ou professionnelle, est que les textes sont jugés à l’aveugle (les noms ne figurent pas sur les textes).

Vous écrivez de la poésie? Envoyez-nous vos poèmes inédits d’ici le 31 mai 2023.

Prix de la nouvelle inscrivez-vous maintenant

Politique internationale

Crimes et délits

Conflits armés

Musique

Fannie OlivierFannie OlivierPolitique fédérale

Palmarès des livres au Québec

Laissez un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *