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Quarante ans de flair pour les Éditions XYZ

Source : Le Devoir

Malgré l’augmentation du prix de production des livres et les coupes budgétaires dans la culture, la directrice littéraire des Éditions XYZ se projette avec optimisme dans le futur. La maison cumule maintenant 40 années d’activité, et Guylaine Girard semble convaincue que l’avenir brillera tout autant. s’est entretenu avec cette femme de lettres accomplie, qui œuvre dans le milieu depuis une trentaine d’années. Elle célèbre fièrement l’anniversaire des Éditions XYZ, qui reflète des années de travail assidu.

Le catalogue de XYZ, bien que gravitant initialement autour du genre de la nouvelle, s’est énormément diversifié au fil des décennies : le roman, le récit, la , l’essai et le roman graphique, entre autres, y cohabitent désormais.

L’une des collections les plus importantes de la maison, « Romanichels », existe depuis maintenant 35 ans. Créée par l’écrivain André Vanasse en 1990, au moment où il se joignait à titre de directeur littéraire à Gaëtan Lévesque, cofondateur de la maison avec Maurice Soudeyns, la collection est loin de perdre son souffle. « “Romanichels” est extrêmement active et publie encore les plumes très en vue aujourd’hui », explique Mme Girard, en rappelant que les œuvres de cette collection sont unies par le thème du territoire depuis les débuts de son existence. Hexa, de Gabrielle Filteau-Chiba, en incarne bien l’esprit.

« Si je regarde l’avenir, c’est parce que je peux construire sur cette base très solide que nous avons. Ça me permet d’avoir les coudées franches pour continuer », souligne la directrice.

C’est une roue qui tourne : tout le monde lit plus, on écrit mieux, on travaille mieux, on édite mieux. La chaîne du livre est formidablement efficace au , et ça donne des résultats : ça ouvre des publics à l’international.

Mais XYZ ne se limite pas au maintien du statu quo. Peu après son entrée en poste chez XYZ, il y a environ un an, Guylaine Girard a ouvert une nouvelle collection, « Réparation ». « J’avais cette idée depuis très longtemps. Il y avait des essais chez XYZ, mais qui étaient très apparentés à ce qui se publie dans des presses universitaires. Je me suis dit qu’il y avait une place pour une collection moins académique. Et le thème de la réparation a, je trouve, une belle portée aujourd’hui. »

En collaboration avec Caron Belzile, anciennement directrice littéraire de XYZ, Mme Girard a de plus redéfini les visées des collections afin de clarifier leurs raisons d’être.

Le secret de la longévité

« L’éditeur littéraire est celui qui a du flair, qui sait trouver les bons textes. Il sait s’entourer des bons pigistes, de réviseurs, il sait développer une chaîne d’expertise », énumère Mme Girard, qui insiste par ailleurs sur la démarche extrêmement rigoureuse des Éditions XYZ.

Elle explique qu’« il n’est pas rare qu’un texte soit travaillé , voire six versions avant d’être envoyé à la révision. L’accompagnement de l’auteur n’est pas fait dans la complaisance, c’est fait dans le but de trouver le chemin pour que le texte soit à son meilleur. C’est un partenariat ».

Selon elle, cet équilibre entre instinct et rigueur constitue l’une des plus grandes forces de la maison.

Guylaine Girard remarque que la littérature anime de plus en plus les places publiques, ce qui s’explique entre autres, selon elle, par les nombreux partenariats entre éditeurs et libraires. « Et le public participe beaucoup. Depuis la COVID-19, on a compris l’importance de se réunir autour de nos œuvres littéraires », remarque-t-elle.

Récemment, le Bilan Gaspard du marché du livre dévoilait une hausse appréciable des ventes de livres québécois.

Mme Girard, tout sourire, s’en réjouit : « Le nombre de lecteurs au Québec augmente, et on consomme de plus en plus de . On ne nous mettait pas, en temps de pandémie, dans la catégorie des services essentiels, et pourtant ! Il y a eu une ée [de la lecture]. On fait partie des loisirs. La culture, c’est toujours un débat, c’est toujours un combat, mais l’intérêt des lecteurs est là, et il se maintient. » Elle note par ailleurs une amélioration de la qualité des livres édités au Québec.

Pour les Éditions XYZ, ce n’est cependant pas que le marché national qui gonfle les ventes. « C’est une roue qui tourne : tout le monde lit plus, on écrit mieux, on travaille mieux, on édite mieux. La chaîne du livre est formidablement efficace au Québec, et ça donne des résultats : ça ouvre des publics à l’international. Car le bassin de lecteurs francophones en Amérique demeure restreint », rappelle celle pour qui faire voyager la littérature est une victoire magnifique.

Mme Girard s’émerveille de plus devant la volonté du public européen d’entendre la voix , ce qui était moins le cas il y a quelques décennies.

Un avenir chargé

Plusieurs projets d’envergure se trament pour les prochains mois et les prochaines années : un Yann Martel au début de 2026, un recueil de poésie de Gabrielle Filteau-Chiba pour le 12 août, un roman graphique de , un récit de Jennifer

Guylaine Girard annonce d’ailleurs une suite à la collaboration entre XYZ et Chris Bergeron, l’autrice de Vandales, roman publié en 2023 : il publiera un essai cet automne. « Il sera intitulé Fake, mais dans le but de parler d’authenticité. C’est un essai qui devrait faire beaucoup de bruit », croit la directrice littéraire, enthousiaste.

À l’occasion de ce quarantième anniversaire, XYZ a de plus réédité sous forme d’éditions spéciales illustrées les œuvres de deux auteurs phares, Jocelyne Saucier (Les héritiers de la mine, 2000) et Yann Martel (L’histoire de Pi, 2001). Ces livres reposent sur les tablettes des librairies depuis le 10 avril.

La revue XYZ

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