Image

«Qui annule quoi?» Une censure érudite de l’histoire

Le Devoir Lire

Qui se souvient qu’en 2017 une plaque en l’honneur du président sudiste américain Jefferson Davis (1808-1889), installée en 1957 par des dames nostalgiques, a été enlevée l’extérieur du magasin La Baie au centre-ville de Montréal ? Indignés par un meurtre en marge d’un rassemblement suprémaciste à Charlottesville, des censeurs ont voulu ainsi rejeter le passé raciste du sud des . C’étaient de rares érudits « éveillés » que l’on appelle des « wokes ».

​Cet exemple montréalais rapproche de nous l’objet très abstrait du de la Française Murat (née en 1967) en le rendant plus concret. L’essayiste donne des cours universitaires de français en Californie et son ouvrage Qui annule quoi ?, malgré sa concision, explique avec beaucoup de densité, en abordant le double point de vue français et américain, le concept nouveau et difficile de « cancel culture ».

​Pourquoi une difficulté ? Comme l’explique Laure Murat, « la cancel culture ou, littéralement, culture de l’annulation est essentiellement un terme polémique, péjoratif, une “expression de la droite américaine adoptée par les néoconservateurs français pour mieux disqualifier les interpellations progressistes”, selon l’analyse judicieuse du Français André Gunthert, historien de l’art ».

​Illustrée aux États-Unis, depuis 2013, par le mouvement Black Lives Matter ou le mouvement #MeToo, lancé en 2017, la cancel culture, ce mode de protestation contre les injustices alléguées sur les réseaux sociaux, exige, rappelle Laure Murat, que l’on cesse « d’honorer des personnalités accusées d’actes racistes ou d’agressions sexuelles ». Pour ne pas se perdre dans mille dénonciations, elle se limite à l’examen du déboulonnage de statues,

[...] continuer la lecture sur Le Devoir.

Palmarès des livres au Québec