Elles ont fait les mauvais choix, attendu trop longtemps pour briser leurs chaînes ou ont été trompées par des hommes qu’elles ont cru aimer. Toutes ont passé la soixantaine et, dans leur vie, l’amour se conjugue désormais au passé. Et bien qu’elles ne portent pas le même nom, les femmes qui prennent la parole dans les cinq nouvelles de Rang de la dérive, le plus récent recueil de Lise Tremblay (L’hiver de pluie, La héronnière), se ressemblent toutes et se savent condamnées à porter leur « honte » et leur vieillesse jusqu’à la fin de leurs jours. Victime d’une aliénation dont elle se croyait immunisée (« Rang de la dérive ») ou partie après avoir secoué sa léthargie après avoir été sous l’emprise d’un homme brillant et dominateur (« La traversée » ou « Vieille France »). Des femmes abandonnées et déterminées, mais comme à rebours, parce qu’il est peut-être trop tard et que le mal est fait : la maladie, la solitude incurable, l’amertume se sont installées. Autant de variations sur un même thème que Lise Tremblay, aussi cruelle que lucide, explore de façon obsédante et un peu répétitive.
Rang de la dérive
★★★
Lise Tremblay, Boréal, Montréal, 2022, 120 pages
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