Il flotte une sorte de parfum de fin du monde dans les cinq nouvelles que propose Jo Nesbø pour bien ancrer l’été collant qui nous attend. Dans la majorité d’entre elles, la vie telle qu’on la connaît s’est effondrée, soufflée par un virus mortel qui a littéralement mis fin au monde moderne — ça vous rappelle quelque chose ? À part quelques zillionnaires qui avaient prévu le coup, les humains survivent très mal dans cet « après » qui sent mauvais sur fond de fumée âcre.
Dans « Rat Island », le récit de plus de 150 pages qui donne son titre au recueil, des gangs contrôlent ce qui reste d’une ville située près de la côte d’un pays jadis prospère dont on ne connaîtra rien de plus. Tout s’est délité ; les gouvernements, la police et l’armée ont presque partout jeté la serviette après que des bandes organisées se sont emparées des réserves d’armes et de munitions. Les rares survivants se cachent dans les ruines, ou encore, comme le magnat local Colin Lowe, dans l’ancienne prison de Rat Island reconvertie en forteresse. Mais lorsque sa fille est assassinée et sa femme violée, un homme droit, un juriste nommé Will Adams, capture le coupable, le fils de Lowe, et promet d’obtenir légalement justice. C’est dans son projet que réside l’intérêt du récit. Au-delà de l’horreur, il met en cause la responsabilité et la dignité humaines… et la finale vous laissera sans voix.
Ailleurs, comme si l’écriture élégante de Nesbø soulignait d’abord le côté sombre de tous les contrastes, le
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