Paru en premier sur (source): journal La Presse
Publié à 8 h 00
Janvier
L’année commence par le retour de Michael Delisle qui, avec Veuve chose (Boréal), nous amènera dans un pays sous un régime totalitaire, où il faut soit faire son service militaire, soit devenir bourreau d’un jour, et cette dernière option changera le destin du narrateur. À La Peuplade, un premier roman d’Alexandra Boilard-Lefebvre, Une histoire silencieuse, se présente comme l’enquête d’une petite-fille sur sa grand-mère disparue. Chez Mémoire d’encrier, Katia Belkhodja propose une saga familiale de l’Algérie au Québec avec Les déterrées, tandis que Henry Kenol signe un premier roman sur le phénomène des gangs et des bidonvilles en Haïti avec Le désespoir des anges. Enfin, chez Quartz, un projet collectif original : Zones sacrifiées, sous la direction d’Anaïs Barbeau-Lavalette, Véronique Côté, Isabelle Fortin-Rondeau, Steve Gagnon et Jennifer Ricard-Turcotte, où l’on revient sur le combat de Mères au front pour la qualité de l’air à Rouyn-Noranda.
Février
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE
Louise Dupré
Les lecteurs seront heureux de retrouver Louise Dupré avec L’homme au camion (Héliotrope), dans lequel elle se penche sur la figure mystérieuse de son père, dix ans après avoir abordé l’histoire de sa mère dans le très célébré L’album multicolore. On renouera aussi avec Marie-Sissi Labrèche, qui publie Un roman au four chez Leméac, où elle traite de la charge mentale chez l’écrivaine. « Comment demeurer un individu créateur quand on est seule à tenir maison et famille à bout de bras ? », telle est la question. Toujours chez Leméac, La chasse au juste, d’Emmanuel Aquin, raconte le destin singulier de Donald Morrison, un héros populaire de Lac-Mégantic. Du côté du récit personnel, Tristan Demers, le créateur de Gargouille, expliquera dans Fais comme un grand (Libre Expression) la relation difficile qu’il avait avec sa famille et le statut pas évident d’enfant vedette. Chez Stanké, un premier roman sous forme dystopique où les étoiles s’éteignent éveille la curiosité, Contours d’Ann-Elizabeth Pilote, tandis que chez Hamac, Comment transformer ses ruines en ombre à paupières, de Catherine Côté, est un recueil de poésie déguisé en guide de survie qui se moque des livres de croissance personnelle. Deux essais promettent aussi d’attirer l’attention : Les mauvais jours finiront, de Samuel Mercier (chez Lux) qui, dans un « hommage aux indésirables », veut rappeler la force politique de la joie, et La blanchité aveuglante, de Denis Ellis Béchard (chez Écosociété), où l’on pourra lire ses réflexions sur le racisme.
Mars
PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE
Akim Gagnon
Ce sera un gros mois pour la fiction en mars, avec des titres assurément très attendus comme La dèche, d’Akim Gagnon (à La Mèche), ou Sirop de poteau, de Francis Ouellette (chez VLB éditeur). Le troisième roman d’Akim Gagnon, qui nous a régalés en ivresses avec Le cigare au bord des lèvres et Granby au passé simple, aborde cette fois son rapport à l’argent en racontant ses dernières dépenses avant la faillite, tandis que Francis Ouellette, révélé par Mélasse de fantaisie qui nous dévoilait des personnages du quartier Centre-Sud, s’intéresse plus particulièrement à l’existence de l’un d’eux, Frigo, le « robineux lumineux ». Dans la même veine, Antonio Pizza, de Francis Juteau (chez Hamac), met en scène un livreur de pizza dans l’hiver montréalais, qui lutte en même temps contre sa dépendance à la porno.
Chez Alto, on attend le nouveau roman de Heather O’Neill, La capitale des rêves, où elle nous transportera dans un petit pays fictif d’Europe, l’Élysée, gouverné par les poètes, les philosophes et les fées, qui sera attaqué par « L’Ennemi ». Chez Québec Amérique, nous aurons Debout dans l’orage, de Dominique Demers qui, dit-on, revient au genre dramatique par l’histoire d’une amitié entre une dame âgée et une journaliste littéraire, ainsi que Du ventre des montagnes, de Fanie Demeule, qu’on annonce comme un roman de fantasy. La bouche ouverte de mon père, de Harry Horace (pseudonyme de Sophie Bélair Clément, au Quartanier), mêle les dernières paroles d’un père aux détails techniques de sa crémation. Enfin, Ça finit quand, toujours ? d’Agnès Gruda (chez Boréal), commence dans la maternité d’un hôpital à Cracovie, pour ensuite suivre les destinées d’une vingtaine de personnages sur cinq générations et trois continents.
Avril
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Rafaële Germain
En avril, on ne se découvre pas d’un fil, mais on continue de se réchauffer l’esprit par la lecture avec Le temps des sucres, de Martine Desjardins (Alto), un nouveau récit fantastique qui flirte avec la folk horror, dans lequel une famille produit un sirop d’érable aux propriétés particulières. Autre surprise printanière : Petite nature de Perrine Leblanc (L’homme blanc, Gens du Nord), chez Marchand de feuilles, présenté comme un grimoire et un guide de survie qui sera, dit-on, son livre le plus personnel. Chez Druide, on aura droit à la 22e enquête de Maud Graham avec Le regard des autres, de Chrystine Brouillet, alors que Rafaële Germain nous revient avec Plage Laval (Libre Expression), dans lequel une femme quitte le Plateau Mont-Royal pour un chalet près de la rivière des Mille Îles où elle va se construire une communauté intergénérationnelle. Cap à rien, de J. P. Chabot, au Quartanier, se veut la suite de Voyage à la villa du jardin secret qui a beaucoup séduit l’an dernier, avec le récit d’un road trip en Louisiane réalisé en 2018, mais dans une Amérique où Trump a été réélu. Enfin, on est curieux de lire Devenir fasciste (Lux), le nouvel essai satirique de l’éditeur Mark Fortier qui raconte sa supposée conversion aux forces inarrêtables de la droite, et on attendra Elle, Ulysse, la nouvelle offrande poétique de la grande Denise Desautels, chez Noroît.