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«Roar»: huit femmes

Source : Le Devoir

Après nous avoir raconté avec moult éclats, maillots en Spandex et toupets crêpés, durant trois saisons sur Netflix, la fausse histoire d’une véritable série des années 1980, Liz Flahive et Carly Mensch, créatrices de GLOW (acronyme signifiant Gorgeous Ladies of Wrestling), s’intéressent à nouveau à la lutte des femmes. Métaphoriquement parlant, il va sans dire. Et cette fois, en puisant dans Roar (Harper Collins, 2019), recueil de 30 nouvelles de l’autrice de best-sellers irlandaise Cecelia Ahern, dont le roman La vie est un arc-en-ciel a été adapté au cinéma en 2014 sous le titre Love, Rosie.

Rassurez-vous, Roar, série d’anthologie déclinée en huit épisodes d’une demi-heure sur Apple TV+, n’a rien à voir avec cette bluette mettant en vedette Lily Collins d’Emily in Paris. En fait, Roar se veut une série féministe tant dans ses propos que dans sa conception. Ainsi, vous remarquerez que les binômes ou trinômes derrière chaque épisode de Roar, de même que plusieurs noms au générique, sont féminins.

Loin du fluo de GLOW, c’est du côté de l’humour noir, du fantastique et de l’horreur que flirte cette série produite, entre autres, par Nicole Kidman. Malgré sa légèreté apparente, Roar illustre de graves problèmes auxquels sont confrontées les femmes au quotidien, directement ou indirectement. Peu importent leurs origines, leur statut social ou leur âge.

Dès le premier épisode, Channing Godfrey Peoples et Janine Nabers traitent de l’invisibilité de la femme noire. Dans The Woman Who Disappeared, une romancière afro-descendante de New York (Issa Rae) se rend à Los Angeles pour rencontrer l’équipe, blanche et masculine, qui adaptera son best-seller où elle parle du profilage racial dont a été victime son père. Alors qu’elle tente de faire valoir son point de vue, elle se rend compte que plus personne ne la voit ni ne l’entend.

Dans The Woman Who Ate Photographs, où une femme (Nicole Kidman) traverse l’Australie pour aller chercher sa mère (Judy Davis, qui n’a que 12 ans de plus que Kidman !), qui vit seule et perd la mémoire, c’est à la charge mentale des femmes que Kim Gehrig et Liz Flahive s’intéressent. En chemin vers la maison, où son mari et ses enfants les attendent, la première dévore les photos de famille qu’elle a dérobées à la seconde. Chaque fois, elle revit quelques instants d’un bonheur lointain.

Chacune sa place

L’expression femme-trophée prend tout son sens dans The Woman Who Was Kept on a Shelf, de So Yong Kim, Liz Flahive et Carly Mensch, où une ex-mannequin (Betty Gilpin de GLOW) doit prendre place sur une étagère afin que son futur mari (Daniel Dae Kim) puisse l’admirer chaque fois qu’il détache les yeux de son ordinateur. Que peut donc devenir une femme qu’on n’a élevée que pour plaire ?

En plus d’explorer l’invisibilité de la femme noire dans un monde blanc et masculin, The Woman Who Found Bite Marks on Her Skin, de Rashida Jones et des créatrices de Roar, se penche sur le sentiment de culpabilité d’une femme (Cynthia Erivo) qui retourne au travail après son second congé de maternité. Tandis qu’elle gère l’impatience de son mari (Jake Johnson) qui a pris le relais, son équipe qui semble vouloir l’évincer, le chantage émotif de sa fille et ses montées de lait, elle voit apparaître sur sa peau des marques de morsure.

Sororité, rivalité, maternité, célibat et masculinité toxique sont au menu de l’épisode de Liz Flahive et Halley Feiffer, The Woman Who Was Fed by a Duck, où une aspirante médecin (Merritt Wever), poussée par sa sœur enceinte jusqu’aux yeux (Riki Lindhome) de rencontrer l’homme de sa vie, fréquente… un canard (voix de Justin Kirk). Après tout, il y a bien des princesses qui embrassent des crapauds.

À la vie, à la mort

Sa propre dépouille ayant été retrouvée en tenue affriolante sur un terrain de camping, une célibataire (Alison Brie de GLOW) n’a d’autre choix que de prêter main-forte à l’arrogant policier blanc (Hugh Dancy) et la modeste policière noire (Ego Nwodim) pour retrouver son assassin. Avec ses clins d’œil à Mon fantôme d’amour (Ghost), The Woman Who Solved Her Own Murder, d’Anya Adams et mesdames Flahive et Mensch, traite de féminicides et du mouvement incel (célibataire involontaire).

L’incommunicabilité au sein du couple est au cœur de The Woman Who Returned Her Husband, de Quyen Tran et Vera Santamaria, où une immigrante indienne (Meera Syal) décide, après 37 ans de mariage, d’échanger son mari (Bernard White) au magasin.

Enfin, The Girl Who Loved Horses, où So Yong Kim et Carly Mensch empruntent au western pour parler de solidarité féminine, une jeune fille (Fivel Stewart), flanquée de la fille d’un pasteur (Kara Hayward), part à la recherche de celui qui a assassiné son père après lui avoir volé le cheval qui lui était destiné.

Roar 

Apple TV+, dès le vendredi 15 avril

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