Source : Le Devoir
Certains auteurs semblent immortels, d’autres sombrent dans l’oubli. Après un temps, qu’en reste-t-il ? Dans sa série mensuelle Faut-il relire… ?, Le Devoir revisite un de ces écrivains avec l’aide d’admirateurs et d’observateurs attentifs. En ce qui concerne Émile Nelligan (1879-1941), en plus d’un siècle, il n’a jamais disparu du paysage culturel. Par contre, à l’aube d’une brillante carrière littéraire, il voit sa personnalité fragile, de même que son milieu familial étouffant dominé par un père qui n’avait que faire d’un fils poète, provoquer sa chute.
À l’évocation de son nom, plusieurs peuvent dire que « la neige a neigé » (tiré de Soir d’hiver) ou qu’un navire « a sombré dans l’abîme du rêve » (tiré du Vaisseau d’or). D’autres ont une vague idée de son destin tragique, celui d’un jeune écrivain nourri de la poésie de Verlaine, de Rimbaud et de Baudelaire, mais dont les ailes seront coupées avant l’âge de 20 ans. Interné le 9 août 1899 à la maison de repos Saint-Benoît-Joseph-Labre, il est ensuite transféré à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu en 1925, un an après le décès de son père, David Nelligan, un immigrant irlandais.
On a dit du jeune poète qu’il portait le nom de son paternel, mais qu’il chérissait la sensibilité et le goût des lettres hérités de sa mère, Émélie Amanda Hudon, originaire de Rimouski. Émile Nelligan a de plus choisi de parler, et d’écrire, dans sa langue maternelle, premier d’une série d’affronts à l’égard du père. Ce dernier ne supportait pas sa propension à la rêverie et son ennui viscéral
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