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«Selfies»: arranger le portrait littéraire

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L’ère du prêt-à-photographier a répandu la pratique de l’égoportrait, envahissant réseaux sociaux, albums photos et souvenirs numériques de ces mises en scène de soi. Le phénomène, qui cause chaque année plus d’accidents mortels, fait surtout état d’une époque qui, plus que jamais, se regarde vivre. « On n’a jamais été aussi conscient de soi et de son image. On se voit partout, tout le temps, jusqu’à se déréaliser », affirme Kiev Renaud.

S’intéressant depuis longtemps à la pratique du portrait en littérature —, elle a notamment consacré un doctorat aux portraits de la beauté chez Marguerite Duras et Violette Leduc —, l’ et directrice littéraire a récemment ouvert un vaste chantier sur la question, invitant trente autrices et auteurs à brosser de courts autoportraits, rassemblé dans le collectif Selfies, paru en novembre dernier. 

Le Devoir l’a rencontrée en visioconférence, au côté d’une des autrices du collectif, Karianne Trudeau Beaunoyer, dont la thèse de doctorat, justement, a cherché à théoriser l’autoportrait littéraire contemporain au filtre de la photographie. La visioconférence nuit habituellement à la fluidité des échanges, mais l’apparition pixélisée et dématérialisée de nos visages était cette fois de circonstance, installant, sans autre préambule, le sujet.

Un art littéraire

D’emblée, Karianne Trudeau Beaunoyer évoque la genèse de l’autoportrait, lequel est emprunté à la photographie et à la peinture. « J’ai reçu l’invitation de Kiev au moment où je terminais ma thèse. Elle portait sur l’autoportrait littéraire, mais aussi dans les autres arts, dans la mesure où c’est un terme qui est quand même importé de

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