Pour éprouver le temps qui passe, quoi de mieux que de descendre le cours du fleuve le plus long de la planète ? Le romancier Jean-Christophe Rufin (Rouge Brésil, L’Abyssin) nous raconte en mots ce voyage dans Sur le fleuve Amazone, mais il a aussi eu recours au dessin et à l’aquarelle pour « quitter les impatiences de la vie ordinaire » et immortaliser ce qu’il a vu pendant ces deux longs mois. Mais si l’Amazone est un long fleuve tranquille où « on apprend à regarder », la croisière n’a pas été pour autant de tout repos pour l’écrivain, qui ne cache pas une certaine déception. Premier choc : le silence y est impossible. Chacun, dans chaque recoin des traversiers qu’il emprunte, écoute sa musique à tue-tête. Des rapides de São Gabriel en passant par Manaus, Santarém et Belém se montre ainsi « le visage effrayant du Brésil », pays où il lui semble impossible d’échapper à la pression sociale, où la jungle humaine fait écho à l’autre jungle, verte, hurlante et impénétrable, qui nous fait communier avec « la dimension végétale de notre être profond ».
Sur le fleuve Amazone
★★★ 1/2
Jean-Christophe Rufin, Calmann-Lévy, Paris, 2024, 150 pages
À voir en vidéo
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.