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Tata | Le phénomène Valérie Perrin

Paru en premier sur (source): journal La Presse

Depuis son premier roman Les oubliés du dimanche, paru en 2015, les livres de Valérie Perrin se vendent par millions dans le monde entier. Tata, son quatrième titre, est déjà au sommet des ventes. Rien d’étonnant, car ce récit haletant de plus de 600 pages se dévore ! Entrevue avec cette autrice française à succès dont le mari, le cinéaste Claude Lelouch, rêve de lui faire découvrir le Québec, confie-t-elle.


Publié à 12 h 00

Quand le livre Tata commence, Colette, une femme sans histoire, meurt une deuxième fois, car Agnès, sa nièce, l’avait déjà enterrée trois ans plus tôt. C’est alors qu’une véritable enquête débute. Agnès, réalisatrice à succès, va donc revenir à Gueugnon, petite ville de Bourgogne, où elle va retrouver les cassettes laissées par sa tante qui raconte sa vie.

C’est une enquête pour comprendre pourquoi une personne fait croire qu’elle est morte depuis trois ans, comment elle organise cette disparition et qui repose à sa place. C’est aussi une quête d’identité sur nos racines, comprendre d’où on vient. Colette est célibataire sans enfants, une vieille fille un peu démodée, mais on se rend compte qu’elle avait une vie intérieure très riche. Je voulais que ce soit une nièce qui raconte sa tante, d’où le titre Tata. Elle découvre des choses sur sa tante au fur et à mesure, en même temps que le lecteur.

En lisant Tata, on se dit qu’on ne connaît pas vraiment notre famille.

Il y a beaucoup de choses qu’on ignore sur nos amis, notre famille. Il y a des secrets dans les familles qu’on cache pour différentes raisons, mais ça peut être terrible. Il y a des conséquences au silence. Est-ce qu’il faut attendre de mourir pour que les choses soient dites ? Doit-on laisser des cassettes avec le récit de sa vie parce qu’on n’a pas eu la force de la raconter de son vivant ? Le roman pose ces questions.

La ville de Gueugnon, en France, occupe une place centrale dans le livre. C’est de là que vous venez ?

Oui. Depuis mon premier roman, tout se passe en Bourgogne. Cette fois, je voulais absolument nommer la ville, car il y a cette usine de sidérurgie qui est très importante pour la communauté. Il y a aussi un évènement sportif historique lié à Gueugnon tout comme à Colette, mon personnage principal, qui se passe au Stade de France, en 2000. La coupe de la ligue française de football [soccer] a été remportée par la petite équipe de Gueugnon contre l’immense Paris Saint-Germain !

Vos personnages sont très attachants. Est-ce le secret de votre succès ?

Mes lecteurs me disent que mes romans et mes personnages ont une résonance avec leurs propres vies. Les personnages principaux de mes romans sont des gens avec lesquels on peut s’identifier et qui peuvent être aussi des amis, frères, sœurs, voisins, des gens qu’on connaît.

Comment vivez-vous avec le succès ?

Je le vis comme un conte de fées. C’est magique. Tata est déjà en tête des ventes, je sens que je suis très attendue, c’est une grosse pression, car je me dis qu’il ne faut pas décevoir les gens qui attendent mes livres. Il faut leur apporter une grande histoire. J’avais senti cette pression pour Trois, le roman qui a suivi Changer l’eau des fleurs. Je me disais, mais comment je vais être à la hauteur ? Le prochain j’y pense déjà, je le construis dans ma tête. J’ai le sentiment que je vais plus loin dans ce que j’ai envie de raconter, et tant que j’aurai cet élan, je continuerai.

C’est Jean-Pierre Jeunet (Le fabuleux destin d’Amélie Poulain) qui va réaliser Changer l’eau des fleurs ?

Il a fini l’adaptation, il a écrit le scénario, il est en casting et il sera prêt à tourner en 2025. C’est Jean-Pierre Jeunet qui choisit les comédiens. Il adore ce livre, et j’ai entièrement confiance en lui. C’est son histoire maintenant, ça lui appartient.

Votre écriture est d’ailleurs très cinématographique.

Oui. Il y a énormément de dialogues, c’est parce que je viens du cinéma. J’ai écrit des scénarios avec Claude Lelouch, mon mari, et j’ai une mémoire très visuelle. Quand j’écris, je pense en scènes de cinéma, même si je n’ai aucun désir de faire des films, j’ai ce regard de cinéaste.

Vous avez acheté une maison en Bourgogne et comme votre personnage Agnès, vous redécouvrez les lieux de votre enfance ?

Oui. J’ai quitté Gueugnon en 1986, j’avais 19 ans et je me disais que jamais je n’y retournerais y vivre. J’y allais pour voir mes parents, mais jamais je ne pouvais imaginer qu’un jour j’achèterais une maison pour m’y installer ! Et c’est ce qui est arrivé il y a trois ans. La COVID nous a fait repenser nos vies, nos priorités, et je me suis dit que la Bourgogne me portait chance, que mes romans se passent là-bas. Il faut rendre cet amour, il faut une réciprocité. J’ai trouvé la maison de mes rêves. Dès que j’y suis entrée, c’était une évidence, c’était ma maison. Je partage ma vie entre Paris, la Normandie, car mon mari y a une maison depuis Un homme et une femme, et il y est très attaché, alors on bouge beaucoup, mais j’aime la Bourgogne.

Tata

Tata

Valérie Perrin

Éditions Albin Michel

635 pages

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