Source : Le Devoir
Célibataire, snob et alcoolique, Hannah Krause–Bendix écrit des romans qui n’obtiennent qu’un succès critique et ne séduisent qu’une poignée de lecteurs élitistes. Si ce n’était des subventions du gouvernement danois et de Bastian, son éditeur et fidèle ami, il y a longtemps qu’elle aurait changé de métier. Or ces derniers temps, l’inspiration n’est plus au rendez-vous. « Correction : ce n’est pas l’inspiration qui lui fait défaut. Elle ne manque pas de matière. Le problème, c’est plutôt le traitement des idées ; sous forme littéraire, bien entendu. »
Contrainte par Bastian de participer à une séance de signature à la foire du livre, Hannah explose en découvrant que Jørn Jensen, son ennemi juré et populaire auteur de polars, est accueilli comme une vedette par des lecteurs venus assister à l’entrevue qu’il accorde à une journaliste qui lui pose en minaudant des questions sans originalité. « Les livres de Jørn manquent d’esprit. Ils sont privés des idées qui font la noblesse et l’originalité de l’individu ; ce sont des réitérations des idées réchauffées et reproduites mécaniquement, à la chaîne », pense de son jeune confrère la romancière quadragénaire.
Il n’en faut pas plus pour que Hannah lui lance un livre à la tête — que Jørn esquive habilement. S’ensuit une féroce joute verbale à la fin de laquelle, à son plus grand étonnement, Hannah annonce ceci à l’assemblée médusée : « Dans un mois, j’aurai écrit un roman policier qui surpassera tout ce que tu as publié. » Flairant le coup de pub, Bastian envoie sa protégée dans le fin
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