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L’illustre Elena Ferrante a peut-être ouvert la voie à une nouvelle génération de romancières parmi ses consœurs, avec sa tétralogie entamée par L’amie prodigieuse il y a plus d’une décennie. Toujours est-il que trois romans parus récemment nous racontent avec la même intensité poignante le destin tortueux d’adolescentes dans cette Italie absente des cartes postales, au début des années 2000 et durant les années 1980.
Publié à 8h00 ✓ Lien copié Laila Maalouf La Presse
La jeune autrice Giulia Caminito était apparue sur notre radar à la parution, l’an dernier, de son excellent roman Un jour viendra. Son nouveau titre, L’eau du lac n’est jamais douce, nous entraîne en périphérie de Rome, à l’aube du nouveau millénaire.
La narratrice grandit dans la précarité de logements insalubres ou attribués par la municipalité. Entre une mère toujours prête à monter au front pour réclamer justice et qui s’échine à faire des ménages pour gagner sa vie, un père en fauteuil roulant depuis un accident de travail sur un chantier, où il travaillait au noir, et un frère anarchiste, elle lit pour s’instruire et se frayer un chemin différent de celui de sa famille.
Mais ses efforts se heurtent sans cesse aux murs invisibles de sa condition sociale ; pour réussir dans cette société encore attachée aux privilèges de naissance, elle doit ravaler sa jalousie et son orgueil devant ses camarades de classe plus fortunés, taire sa fureur et son amertume face aux trahisons, aux déceptions et aux humiliations. Inoubliable, ce roman saisissant est un coup de poing aux injustices et un doigt d’honneur aux privilèges qui place assurément l’autrice parmi les plumes à suivre.