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Trois plumes québécoises présentent une première œuvre au Salon du livre

 

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Source du texte: Lecture

De nombreux écrivains et écrivaines vont défiler au Palais des congrès de jusqu’à dimanche pour le 46e Salon du livre de Montréal. Entretiens avec Emmanuelle Pierrot (La version qui n’intéresse personne), -Daniel Godin (Le compte est bon) et Éric Chacour (Ce que je sais de toi), qui sont de la partie pour présenter leur premier livre.

Leurs oeuvres sont toutes les trois en lice pour le Prix littéraire des collégiens 2024, aux côtés de Mise en forme de Mikella Nicol (Cheval d’août) et de La blague du siècle de (Del Busso).

Emmanuelle Pierrot

La version qui n’intéresse personne

Le Quartanier

La femme est assise avec les mains sur les genoux.

Emmanuelle Pierrot a fait paraître le roman « La version qui n’intéresse personne » au Quartanier.

Photo : Le Quartanier Latour

Comment « vends-tu » ton livre aux gens qui ne te connaissent pas?

Aux Salons du livre de Rimouski et de Sherbrooke, j’ai commencé à me familiariser avec ça et je suis devenue bonne pour repérer les gens qui vont aimer mon livre. Quand je rencontre des gens qui disent que les trois derniers livres qu’ils ont commencés, ils ne les ont pas finis, je les comprends parce que je suis pareille. J’ai du mal à finir des livres. Je dois me fixer des objectifs.

C’est pour les gens comme moi que j’ai écrit La version qui n’intéresse personne. Je dis aux lecteurs et aux lectrices de ne pas se laisser intimider par mon livre. Ce n’est pas que sombre mon histoire. C’est aussi des gens qui ont du fun. C’est drôle. Pour comprendre le ton de mon livre, on peut juste ouvrir une page au hasard, la lire et savoir si on va aimer ça ou non. Il est uniforme. J’ai pas une langue complexe. Si quelqu’un veut améliorer sa syntaxe et son vocabulaire, je vais le rediriger vers Kevin Lambert, mettons.

En tant que lectrice, as-tu vécu de belles histoires dans les Salons du livre?

Quand j’avais 15 ans, je suis allée faire signer Aliss par Patrick Sénécal. Je lui ai dit que je voulais devenir écrivaine et il m’a dit de ne pas abandonner. Sa dédicace, c’était de la lecture de fucké pour une fuckée. On avait parlé de Nine Inch Nails. J’étais groupie des écrivains du , mais je me rends compte qu’on est tous du monde un peu pauvre et vraiment moins glamour que je pensais.

Au Salon du livre de Montréal, y a-t-il un auteur ou une autrice que tu as hâte de rencontrer?

Catherine Dorion. Je n’ai pas encore lu son livre, mais je l’ai écoutée en entrevue et je sais qu’elle a lu mon livre. Je veux vraiment avoir une conversation avec elle. Elle a fait l’audacieux choix de parler des revers de sa communauté et sa communauté, c’est Québec solidaire. Moi, avec les punks du Yukon, les revers dont j’ai parlé sont loin de moi. Je veux lui parler de cette audace. Elle va recevoir des critiques des gens qu’elle aime et je veux l’entendre là-dessus.

Comment souhaites-tu être abordée par les gens durant le Salon?

J’ai une hypersensibilité au toucher et j’ai du mal à me faire toucher, même par les gens que j’aime, donc avec les gens que je ne connais pas, c’est vraiment difficile pour moi. Dans un article, une journaliste m’a présentée en disant celle-là, on a envie de la serrer dans nos bras et c’est mon pire cauchemar (rires). La meilleure façon de l’exprimer pour moi, c’est de dire aux gens que j’ai vécu longtemps dans une cabane au Yukon, donc je suis facilement envahie. J’adore les dédicaces, les histoires des gens qui se sont reconnus dans mon livre, et les photos. Montrez-moi des photos de vos chiens. Je veux voir toutes les vidéos de malamutes.

Quel sentiment t’habite quand tu imagines une personne qui rencontre tes personnages pour la première fois et les ramène avec lui, ou elle?

J’ai longtemps fantasmé sur certains aspects de la vie d’écrivain. J’ai lu beaucoup d’auteurs beatniks et je m’imaginais que j’aurais réussi une fois que je serais invitée dans des lectures de dans des salles sombres sur un fond de guitare électrique. Ça m’est arrivé avant, mais pas avec mon livre.

Sinon, je pensais aussi que quand je serais devenue écrivaine, je voyagerais jusqu’aux gens pour leur présenter ce que j’ai écrit. Tout ça pour dire que je ne me voyais pas réussir en étant dans un Salon du livre. Il y a un peu de miraculeux dans le fait de s’asseoir sur une chaise et de voir les gens qui font l’expérience de tes mots. Au Salon du livre, l’expérience est passée ou bien elle est à venir, mais tu ne peux pas la voir.

Page couverture d'un roman au paysage d'hiver, observé par un chien ou un loup, en hiver.

Le roman La version qui n’intéresse personne, d’Emmanuelle Pierrot, est en librairie depuis le 11 septembre.

Photo : Le Quartanier

Louis-Daniel Godin

Le compte est bon

La Peuplade

Portrait de l'auteur

Louis-Daniel Godin a fait paraître son premier livre, « Le compte est bon », à La Peuplade.

Photo : Laurence Grandbois Bernard

Comment « vends-tu » ton livre aux gens qui ne te connaissent pas?

J’ai la chance d’avoir un livre qui a une couverture attrayante (un chou!). J’ai fait une petite tournée en France et je parlais de l’autofiction et du fait que mon livre joue sur le rapport entre le réel et l’invention, l’enfance et ses souvenirs. Des moments qui ont l’air insignifiants sur le coup, mais qui sont signifiants dans une vie. C’est aussi un livre que j’ai voulu un peu hypnotisant par le rythme. On peut être rebuté par la répétition au début ou se laisser entraîner. C’est un rythme qui rappelle l’association libre. Il est question d’adoption, un enjeu qui n’est pas énormément traité. Les gens se demandent aussi ce que représente le chou alors il y a un aspect amusant à expliquer le légume de couverture.

En tant que lecteur, as-tu vécu de belles histoires dans les Salons du livre?

Il y a quelque chose d’étourdissant pour moi dans un salon. Je suis professeur de littérature, donc ça me fait faire un 180 degrés par rapport à mes habitudes. Je suis plus à l’aise en retrait. Je n’ai pas d’expérience en salons du livre, sinon que l’étourdissement. Les auteurs et autrices que j’aime, je les regarde de loin. Je suis plutôt timide et je reste en retrait. J’ai fait ma thèse sur Michael Delisle et Hervé Bouchard (Les père-mutations : La paternité en question chez Hervé Bouchard et Michael Delisle, Les Presses de l’Université de Montréal, 2021) qui, quand j’écrivais ma thèse, étaient encore actifs comme écrivains. Des amis communs me disaient souvent : veux-tu qu’on te les présente? J’étais trop intimidé. Je n’ai jamais été groupie (rires).

Au Salon du livre de Montréal, y a-t-il un auteur ou une autrice que tu as hâte de rencontrer?

Puisque j’enseigne, je suis toujours débordé de lectures, donc je ne me sens pas assez dans le bain de la rentrée littéraire. J’ai été happé par La version qui n’intéresse personne et j’ai vraiment hâte de rencontrer Emmanuelle Pierrot. À La peuplade, je serai en binôme avec Frédérick Lavoie, qui a publié Troubler les eaux. Je l’ai rencontré à son lancement et je viens de lire son livre, qui est formidable et qui me sort de ce à quoi je suis habitué. Comme on sera côte à côte, on pourra en discuter.

Comment souhaites-tu être abordée par les gens durant le Salon?

Au petit Salon du livre auquel j’ai participé à Lille, j’ai réalisé que c’est quand on n’est pas trop attentif que les gens feuillettent le livre s’approchent. Quand on leur sourit, ils passent tout droit (rires). J’adore la curiosité envers le livre et la maison d’édition. Je suis content d’être interpellé par des gens qui n’ont pas lu le livre et qui ont des questions. Il n’y a pas de bon et de mauvais lecteurs pour moi.

Quel sentiment t’habite quand tu imagines une personne qui rencontre tes personnages pour la première fois et les ramène avec lui ou elle?

Ça peut être intimidant pour moi. Même quand j’enseigne, je réfléchis déjà à ce que je projette. Quand on publie un livre, il faut lâcher prise. Ça ne nous appartient plus. Je suis content qu’on se reconnaisse dans mes personnages. Mon plus grand constat, c’est de réaliser que l’intime est collectif, que les histoires personnelles résonnent. Quand on me dit qu’un souvenir d’enfance est similaire au mien, ça me fait constater à quel point on se ressemble plus qu’on pense.

Grâce au Prix littéraire des collégiens, ce sera un gros bassin de jeunes qui pourront lire mon livre. Personnellement, c’est au cégep que j’ai bifurqué vers la littérature. Au quatrième cours de français, qui est axé sur le contemporain, j’ai eu l’étincelle grâce à Nelly Arcan, au théâtre, aux chansons québécoises. Je suis content que les gens prennent mes mots dans leurs mains et j’ai la piqûre. J’ai déjà un autre projet qui est en cours. Il n’est vraiment pas sur le point d’être terminé, mais c’est l’étirement d’une partie précise du Compte est bon.

Éric Chacour

Ce que je sais de toi

Alto

Portrait du romancier avec une barbe.

L’auteur Éric Chacour a écrit « Ce que je sais de toi », paru aux Éditions Alto.

Photo : Justine Latour

Comment « vends-tu » ton livre aux gens qui ne te connaissent pas?

C’est une histoire de famille, des histoires d’amour, une histoire de sentiments humains. Ça se passe en Égypte et au Québec. J’ai eu l’ambition d’écrire quelque chose d’universel sur les absences. Des amours qui, même sans être là physiquement, sont omniprésents.

En tant que lecteur, as-tu vécu de belles histoires dans les Salons du livre?

C’est super excitant pour moi. C’est une tradition, le Salon du livre. J’y allais avec mes cousines chaque année. C’est là que j’ai découvert Alto, qui allait devenir mon éditeur. On se promenait, ma cousine et moi, et on jouait à me trouver un éditeur. On a trouvé que les couvertures étaient belles chez cette maison d’édition que je ne connaissais pas. J’ai regardé sur Internet et j’ai vu que Larry et d’autres auteurs que j’admire y étaient publiés. Je leur ai envoyé mon manuscrit en premier.

Aussi, j’étais en Europe en même temps que Jean-Baptiste Andrea pour la rentrée littéraire. Il est le dernier récipiendaire du Goncourt pour son livre Veiller sur elle. On a pris le même train pour la . Il lisait mon livre et je lisais le sien. On a eu un coup de foudre amical entre deux évènements littéraires. J’étais soulagé d’aimer son livre, puisque c’est toujours angoissant de lire le livre de quelqu’un qu’on a tant aimé sur le plan humain (rires).

Au Salon du livre de Montréal, y a-t-il un auteur ou une autrice que tu as hâte de rencontrer?

J’ai fait une dizaine de salons avant celui de Montréal. Je commence à revoir des gens que j’avais déjà vus et ce sont des retrouvailles. À Rimouski, j’ai fêté mes 40 ans là-bas… J’ai trouvé ça émouvant de constater que les écrivains et écrivaines m’ont déjà accepté dans leur groupe. J’aime beaucoup la famille d’Alto, qui est basée à Québec, donc j’ai toujours hâte de les revoir.

Comment souhaites-tu être abordé par les gens durant le Salon?

Je veux que les lecteurs viennent à moi comme ils le souhaitent. Avec mon livre corné et raturé ou avec une envie de le connaître après en avoir vaguement entendu parler. J’entends des témoignages bouleversants chaque fois. Je suis très touché, aussi, de voir des parents avec des enfants qui les encouragent à poser des questions. Je veux que chaque personne vienne à moi avec sa propre histoire et je veux la connaître.

Quel sentiment t’habite quand tu imagines une personne qui rencontre tes personnages pour la première fois et les ramène avec lui ou elle?

Je vis des moments fabuleux. Ce livre a une histoire que je n’aurais pas pu imaginer. Il va sortir dans une dizaine de langues et en livre audio, aussi, à travers le monde. L’écriture d’un premier roman reste quelque chose d’assez solitaire. Quand on se rend compte que seul dans son lit on a réussi à construire quelque chose qui appartient à tout le monde maintenant, c’est assez incroyable. Je suis content aussi que les jeunes des cégeps lisent mon livre grâce au Prix littéraire des collégiens.

Cette période de la vie, c’est le moment où j’ai affiné mes goûts en matière de littérature, où j’ai réalisé que je pouvais lire plusieurs centaines de pages. J’adore rencontrer des personnes qui en sont à ce moment de leur vie. Ils posent les meilleures questions. Durant une période de questions entourant le prix Renaudot des lycéens, un jeune m’a posé une question, qu’aucun journaliste n’avait effleurée: es-tu fier de ton livre? Je sentais que c’était important pour lui, de dire ça. Et oui, j’étais fier de lui dire que j’étais fier. J’avais l’impression de parler à celui que j’étais, à son âge.

La photo d'une personne assise sur un lit dans l'ombre. Au fond, on distingue une autre personne adossée au mur.

Le roman « Ce que je sais de toi », d’Éric Chacour

Photo : Alto

Le Salon du livre de Montréal se poursuit jusqu’au 26 novembre 2023. (Nouvelle fenêtre)

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