Source : Le Devoir
« Ma mère est partie une nuit d’avril quand j’avais sept ans. […] Ma mère n’est pas morte cette nuit-là, elle est simplement partie. Pouf. […] Elle ne reviendrait pas. » Une narratrice abandonnée par sa mère imagine l’existence libre, vive et entière que cette dernière s’est réinventée, à Paris, probablement. De son départ, elle tisse un roman, une destinée qui fait honneur aux choix d’une femme « autrefois épuisée », libérée de la peur, de la violence d’un mari indifférent, des larmes que lui arrachait son quotidien. En parallèle, elle raconte son père, son frère, son coeur à jamais en lambeaux, méfiant, sa famille éclatée, dispersée aux quatre coins du monde, comme les survivants déplacés d’un désastre. Sarah Rocheville livre un récit fort et fulgurant, qui transmet sans l’expliciter toute la complexité de la souffrance d’un enfant privé d’amour. En cherchant à combler le vide, à donner corps à l’immatérialité, à l’insaisissable, l’écrivaine de Go West, Gloria (Leméac, 2014) explore, dans un cadre qu’on aurait voulu moins restreint, l’héritage et le pouvoir transfigurateur de la fiction.
Tu vis à Paris, je pense
★★★ 1/2
Sarah Rocheville, Varia, Montréal, 2023, 102 pages
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