« Il n’y a plus que la Patagonie, la Patagonie, qui convienne à mon immense tristesse, la Patagonie, et un voyage dans les mers du sud », disait Cendrars dans La prose du Transsibérien.
Une plainte qu’a peut-être entendue Mateusz Janiszewski à l’heure de prendre le large à son tour. Cet écrivain, chirurgien et traducteur polonais né en 1975 s’expose à l’Histoire et aux éléments dans Un arc de grand cercle. Et lorsqu’on descend au sud, toujours plus au sud, sous la Patagonie et à travers l’océan Austral, c’est en Antarctique qu’on pose pied.
C’est grosso modo la trajectoire que l’auteur emprunte, qui est surtout le récit de son voyage à bord d’un voilier qui passera, en faisant un « arc de cercle », par une base polonaise située sur l’île du Roi-George. Depuis Buenos Aires, capitale de l’Argentine, il va traverser les étendues de la Patagonie (« une mer d’herbe ») et son infinitude étourdissante pour aller rejoindre le voilier et l’équipage qui l’attendent à Ushuaia, « au début du bout du monde ».
Pour cela, il lui faudra d’abord résister à la monotonie de la pampa, ne pas couler dans cet « océan de platitude ». « Ici, écrit-il, le temps ne passe pas, il n’y a que l’espace, les jours sont rythmés par la répétition sans fin des mêmes tableaux — les mêmes villes, les mêmes troupeaux de bétail, les mêmes chevaux et la même route. Les choses proches paraissent lointaines et les choses lointaines s’évanouissent dans le néant, au-delà de l’horizon des événements… »
À bord du
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