Soixante-dix ans après les massacres de Babi Yar, à Kiev, en 1941-1942 — qui ont fait 100 000 morts, dont 60 000 Juifs —, l’écrivain Jonathan Littell (Les bienveillantes, prix Goncourt 2006) et le photographe Antoine d’Agata se sont retrouvés en 2021 dans ce quartier de la périphérie de Kiev pour un reportage. « Arpenter, inventorier, photographier, décrire. Jour après jour, saison après saison. Parfois seuls, parfois ensemble. » Les visites sur le terrain des collaborateurs, rattrapés par la guerre, renvoient un écho troublant entre les massacres de Babi Yar et de Boutcha. Prenant à témoin l’Histoire, celle qui se fait ou qui se défait, dans Un endroit inconvénient, Littell sonde le mystère de la violence. Comment écrire ou photographier lorsqu’il n’y a plus rien à voir ? Alors, d’une morgue à un immeuble en ruines, le duo nous donne à voir les traces et les souvenirs enfouis, la « mémoire grise, spectrale, cachée », la présence encore incandescente des atrocités commises autant par les nazis que par les forces d’occupation russes. Une plongée dans l’horreur de la guerre.
Un endroit inconvénient
★★★ 1/2
Jonathan Littell et Antoine d’Agata, Gallimard, Paris, 2023, 350 pages
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