On aime bien Leo Desroches. Antihéros par excellence, ce Métis albertain, journaliste d’enquête, est dévoré par la passion compulsive du jeu. Dans ses deux aventures précédentes (L’automne de la disgrâce et Un hiver meurtrier, chez Alire), on l’a vu littéralement tout perdre — femme et enfants, maison, travail, dignité, etc. —, puis parvenir à quitter la rue et à remonter la pente en redevenant journaliste à Edmonton. Attachant malgré ses « mauvais penchants », Leo est un battant. Un fouineur hors pair qui ne lâche jamais le morceau. Ce qu’il fait toujours ici dans cette troisième enquête où, bien sûr, il le paiera encore une fois très cher.
L’histoire s’amorce alors que Desroches est en plein travail sur une scène de crime, au beau milieu de l’été edmontonien et de ses moustiques acharnés. Il attend la version des policiers sur l’événement qui l’amène là ; une surdose dans un hôtel de passe,semble-t-il. Il attend donc et, dans des moments comme ceux-là, Leo aime bien réfléchir sur sa dépendance sans se raconter d’histoire même s’il a souvent tendance à présupposer toujours le pire. Il dira par exemple que « chaque dépendant joue un personnage, une personne qu’il devient […] de la même façon qu’un joueur de jeu vidéo se construit un avatar ». Ce qui peut certainement s’appliquer à plusieurs, dépendants ou non.
Puis, tout à coup devant lui, des brancardiers déposent si maladroitement la victime dans leur fourgon que Desroches voit tomber quelque chose du sac mortuaire. Sans même réfléchir, il ramasse le tout discrètement
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