Avec un mélange de fascination réelle et de douce pitié, Anna, la narratrice d’Un perdant magnifique, sixième livre de Florence Seyvos depuis Gratia (L’Olivier, 1992), se souvient de son beau-père, un homme fantasque à la personnalité complexe, « source d’embarras constant ». Tour à tour attentionné et tyrannique, vivant toujours dans la démesure et la phobie de la routine, il avait convaincu la mère d’Irène et d’Anna de s’installer avec lui à Abidjan, en Côte d’Ivoire, au début des années 1980, convaincu de pouvoir y faire fortune. Après une première débâcle, Anna, sa sœur et leur mère finiront par rentrer au Havre, en France, tandis qu’il se contentera de venir les voir deux fois l’an, où « sa présence nous faisait l’effet d’une main de fer posée sur nos journées. Et quand il n’était pas là, il pesait sur notre vie d’une autre façon ». Un magnifique portrait, oui, qui souligne avec générosité et douceur l’ambiguïté du personnage, avec sa démesure et sa folie, sa noblesse et son ridicule.
À voir en vidéo
[...] continuer la lecture sur Le Devoir.