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Une femme entre au restaurant L’Express. C’est la « figure de proue du féminisme au Canada », dixit la radio France Culture et le quotidien belge Le Soir. Martine Delvaux navigue entre les tables pour accoster à la mienne. Elle porte un jean et un haut blanc sans manches — c’est un midi d’automne radieux et doux — dénudant des bras décorés de fines lignes abstraites.
Quelques-uns de ses livres, piqués de Post-it, squattent la nappe. J’avais l’embarras du choix, Martine Delvaux ayant publié une quinzaine de romans et essais depuis 20 ans. Dont Le boys club, qui « invite à considérer l’entre-soi des hommes comme un phénomène régressif, un dispositif à profaner, à déconstruire, à refuser ». En 2020, pour cet exposé percutant, elle a reçu, à l’instar de Dany Laferrière et de Marie-Claire Blais, le Grand Prix du livre de Montréal. À cela s’ajoute un accueil médiatique à rendre jaloux Guillaume Musso, mais aussi un nombre effrayant de messages haineux, dégradants, agressants. N’en jetez plus, la coupe est pleine.
« Je ne regrette pas ce que j’ai écrit ni ce que j’ai dit. Je n’ai pas peur d’aller défendre des paroles, de dénoncer des choses qui me semblent injustes ou incorrectes. »
« Pour pouvoir venir ici, j’ai passé la matinée allongée », dit-elle une fois assise. Il y a 10 ans, une chute en patins à roues alignées lui a bousillé le dos. Depuis, les jours où la douleur se manifeste, comme aujourd’hui, elle doit s’astreindre à travailler à l’horizontale. « Comme Frida Kahlo, qui peignait dans son lit. »