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Un quartier vaut mille mots | L’étranger familier de Parc-Extension

Paru en premier sur (source): journal La Presse

Avec Glu, les lecteurs découvrent Parc-Extension à travers les yeux d’une narratrice désabusée qui cherche à élucider la mort tragique d’un de ses voisins. La Presse a déambulé dans un quartier « à côté de la plaque » avec l’auteure Clémence Dumas-Côté.


Publié à 2h45

Mis à jour à 6h00

La voie ferrée

Quand je marche sur le chemin de fer, à côté du parc Jarry, je ne marche pas vraiment : je cherche.

Extrait de Glu

Nous commençons la visite en traversant l’iconique parc Jarry pour nous arrêter sur la voie ferrée du Canadien Pacifique, qui scinde le quartier en deux. Il s’agit d’un élément important dans le court récit de Clémence Dumas-Côté : les rails sont souvent témoins des conversations, des réflexions et des comportements dangereux des personnages de Glu, que les « tracks » transforment en funambules.

Marcher sur les chemins de fer a toujours été une passion pour l’auteure. « Ça suscite souvent pour moi des conversations super riches », explique Clémence Dumas-Côté.

  • Clémence Dumas-Côté sur la voie ferrée du Canadien Pacifique, qui scinde le quartier Parc-Extension en deux.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Clémence Dumas-Côté sur la voie ferrée du Canadien Pacifique, qui scinde le quartier Parc-Extension en deux.

  • Clémence Dumas-Côté

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Clémence Dumas-Côté

« [C’est un espace] qui évoque la transition », renchérit-elle.

Transition, c’est aussi comment l’écrivaine décrit Parc-Extension, qui est le point de départ de bien des nouveaux arrivants et d’étudiants comme l’était l’auteure durant son séjour dans le secteur.

« C’est un endroit où on se donne le relais dans une course », décrit-elle.

L’avenue Wiseman

Pourtant, elle est bien là, cette montagne étrange, s’agglutinant, s’épaississant peu à peu, de jour en jour, à chacun de mes passages coin Jarry/Wiseman.

Extrait de Glu

C’est sur l’avenue Wiseman, proche du croisement avec la rue Jarry, l’artère principale du quartier, que se déroule l’intrigue du roman. Dans la petite rue résidentielle, où se jumellent plex, immeubles d’appartements et maisons, deux immeubles de logements ordinaires s’opposent.

Un est marqué par un drame dès les premières pages du livre, et tout au long du récit, la tension monte à savoir si l’immeuble voisin sera à son tour hanté par une tragédie.

Les voisins de la narratrice sont excentriques, mais familiers à tous ceux qui ont vécu en appartement, de l’étudiante anxieuse à la famille bruyante, en passant par le propriétaire pris dans le passé.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

C’est sur l’avenue Wiseman que se déroule l’intrigue du roman de Clémence Dumas-Côté.

Bien qu’elle soit revenue dans le quartier durant l’écriture du roman il y a quelques années, l’auteure s’étonne de l’état de l’ancien immeuble où elle habitait il y a 15 ans et dont elle s’est inspirée pour Glu.

« Le propriétaire, qui était toujours là, j’imagine pendant 60 ans, et fumait sa petite cigarette », se rappelle Clémence Dumas-Côté. « Ça s’est comme très décrépi, » constate-t-elle en observant la façade du sixplex.

Épicerie Desi Mandi

Je glisse mes doigts sur les mangues du Pakistan, fraîchement arrivées chez Desi Mandi, au coin de chez moi. Je cherche les plus mûres. Je suis la seule femme dans l’épicerie. Autour de moi, des hommes discutent bruyamment dans une langue qui m’est de moins en moins étrangère, depuis les années que je vis dans Parc-Ex. Je commence à en reconnaître les sonorités.

Extrait de Glu

L’écrivaine décrit sa protagoniste comme une « observatrice », autant à travers le mystère qu’elle tente de résoudre que pour le quartier en général. Dans ses nombreuses errances dans Parc-Ex se dégage un sentiment de dépaysement juxtaposé à la familiarité du chez-soi. Elle connaît les repères, les raccourcis, les commerces et les meilleurs restos, mais les gens lui sont étrangers.

Clémence Dumas-Côté souhaitait écrire ce livre notamment pour faire découvrir le quartier qui l’a accueillie ainsi que pour que ses résidants puissent s’y reconnaître.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

L’épicerie Desi Mandi

« Qu’ils sentent que leur réalité, elle existe et quelque part, compiler certaines choses dont ils sont témoins, leur culture […], la culture de vivre dans Parc-Ex, que ce soit comme immigrant ou personne d’ascendance canadienne-française. »

Pâtisserie Afroditi

En passant devant chez Afroditi, rue Saint-Roch, nous échangeons quelques phrases au sujet de nos préférences en matière de pâtisseries grecques.

Extrait de Glu

Parc-Extension, c’est aussi un quartier à découvrir avec ses saveurs, ses odeurs et ses couleurs. À l’aide des descriptions pittoresques de Clémence Dumas-Côté, le lecteur est transporté dans les rues de Montréal, mais aussi en Inde et en Grèce.

La narratrice s’arrête souvent dans une pâtisserie grecque populaire du coin pour acheter des gâteries, une expérience empruntée aux souvenirs de l’auteure.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

La pâtisserie Afroditi

« J’allais chez Afroditi et je prenais ces pâtisseries-là que personne ne connaît […], des [kourabiedes] et des melomakaronas », se remémore-t-elle. Durant sa vingtaine, elle y passait souvent le dimanche matin, avant d’aller écouter un sermon dans un des nombreux lieux de culte aux dénominations diverses du coin.

« Si Glu était un quartier, il serait Parc-Extension, de par son côté mosaïque, plein de petites facettes qui se reflètent entre elles », explique celle dont le prochain ouvrage sera un recueil de , qui devrait être en librairie à l’hiver.

Glu (2022)

Glu (2022)

Clémence Dumas-Côté

Les Herbes Rouges

160 pages

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