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Une amitié inspirante signée Dominique Demers

Paru en premier sur (source): journal La Presse

Il y a des personnages de roman dont on se languit, parfois, après les avoir quittés. Auxquels on se surprend à songer comme s’ils existaient vraiment. Comme Mathilde et Jacqueline, les héroïnes du nouveau roman de , Debout dans l’orage.


Publié à 12 h 00

Même si c’est le genre de roman qui se lit les yeux humides vers la fin, ce n’est pas une histoire triste pour autant. Au contraire, insiste Dominique Demers, rayonnante dans le quasi printanier qui inonde son salon où elle installe son ordinateur pour écrire, près de la fenêtre.

« C’est un feel-good. C’est un livre qui fait du bien », dit-elle avec émotion.

On ne saurait la contredire, puisque Debout dans l’orage est un roman sur l’incroyable résilience dont peuvent faire preuve les femmes ainsi que sur l’amitié consolatrice qui s’installe entre Mathilde, chroniqueuse littéraire dans la quarantaine dont la passion pour les livres prend des allures de fuite, et Jacqueline, octogénaire acariâtre qui cache un douloureux passé et qui cherche de l’aide après une mauvaise chute.

« Je m’ennuie d’elles, concède Dominique Demers. C’est un an et demi à vivre avec elles tous les jours… Mais c’est Jacqueline qui me manque le plus parce que je n’ai personne dans ma vie de cet âge-là dont je suis proche. »

Si, dans Mathilde, on reconnaît un peu de l’, avec sa ferveur pour la littérature, la natation et le vélo, Dominique Demers confie qu’elle veut vieillir comme Jacqueline.

Je veux son appétit de vie, sa façon de s’accrocher… Bon, elle est loin d’être parfaite, mais j’aime son exigence. Pour elle, vieillir et s’amoindrir, ça ne rime pas ensemble.

Dominique Demers

L’opiniâtre Jacqueline, avec sa force tranquille et sa détermination hors du commun, parvient même à faire en sorte que la secrète Mathilde affronte ses fantômes lorsque la santé de l’octogénaire s’affaiblit et qu’un tournant difficile s’annonce.

Une vie à écrire

L’idée derrière Debout dans l’orage a germé dans l’imagination de Dominique Demers il y a quelques années. « J’ai commencé à faire la recherche médicale pour ce livre, qui s’appelait au départ Un adagio pour Jacqueline, avant la COVID. Mais je ne me sentais pas le courage de l’écrire ; je me disais que personne ne voudrait me lire parce que c’était tellement lourd, ce qu’on vivait », se souvient-elle.

PHOTO FRANÇOIS ROY,

Dominique Demers

C’est après « un week-end littéraire » avec sa petite-fille , il y a près de deux ans, qu’elle a compris que le moment était enfin venu d’écrire ce roman. « Je m’y suis mise tout de suite et j’ai travaillé sans arrêt jusqu’à ce que j’aie fini », dit-elle avec la ténacité de celle qui admet avoir de la difficulté à arrêter d’écrire une fois qu’elle est lancée.

Depuis ses 16 ans, Dominique Demers n’a jamais cessé d’écrire et se penche toujours sur son clavier avec la même passion. Quand elle rencontre des enfants et des adolescents pour ses livres, elle leur raconte que son métier lui permet de vivre toutes les vies dont elle rêve. « Une vie, ce n’est pas assez, dit-elle, songeuse. Mais explorer d’autres univers… »

C’est tellement le fun, se lever le matin pour retourner dans un univers, continuer à découvrir des personnages, jour après jour, en pensant savoir ce qui va se passer, en étant très souvent surprise de ce que révèlent les personnages et de ce qui finit par arriver, puis, à un moment donné, s’arrêter parce qu’on découvre qu’on ne les connaissait pas, qu’on n’avait pas trouvé leur vérité. Et là, il faut aller marcher longtemps, faire toutes sortes de choses en attendant patiemment qu’ils se révèlent.

Dominique Demers

C’est donc avec surprise qu’on apprend que l’écrivaine a décidé de prendre un congé sabbatique. Un an sans écrire ?

« Quand je regarde ce que j’ai écrit dans ma vie, puis dans les ou six dernières années – trois romans pour enfants, deux albums, un puis un livre pour adultes… c’est vraiment fou. C’est comme une terre, je dois être en jachère. J’ai 68 ans, je ne vais pas écrire encore cent livres, alors il faut que je choisisse vraiment bien [ceux que je veux écrire] et que je leur donne tout le temps nécessaire. Je suis en exploration depuis septembre. J’en profite pour lire toutes sortes de livres et vivre des expériences que je n’ai pas le temps de vivre quand j’écris trop. »

Mais elle n’a pas mis son imagination en veilleuse pour autant. Il y a déjà deux personnages qui « s’imposent » pour l’instant dans ses réflexions. Et qui alimentent son désir de recommencer à écrire. « C’est comme quand on est amoureux. Quand on se sépare, on a encore plus hâte de se retrouver. »

D’ici là, son objectif est de se remettre en forme pour faire de la nage en eau libre et du vélo cet été, en vue de son voyage sur deux roues en Toscane, début septembre. Rien de que de beaux projets en vue, conclut-elle avec ce sourire qui irradie de douceur.

Debout dans l'orage

Debout dans l’orage

Dominique Demers

Amérique

344 pages

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