Un livre naît souvent de peu de choses. Un souvenir, une idée fixe, un traumatisme, une image. Ici, tout part de l’obsession de la narratrice pour une vieille photo, montrant son père, aujourd’hui décédé, en compagnie de quelques personnes qu’elle ne connaît pas et dont il semblait proche.
Elle compte de cette façon déjouer le destin et se rapprocher de son père, un Français arrivé à Montréal avec quatre-vingts dollars en poche, disparu quatre ans plus tôt. Elle en fera son personnage et son interlocuteur.
Hantée par cette photo, Jane, la narratrice d’Une carte postale de l’océan, le sixième roman de Stéfani Meunier (L’étrangère, On ne rentre jamais à la maison, Boréal, 2005 et 2013), va enquêter. Cette photo la dérange, elle voudrait savoir qui étaient ces inconnus qui possèdent, peut-être encore, un petit morceau de lui.
Questionnée au sujet de la photo, sa mère lui apprendra que ces gens étaient des collègues de son père à l’école de langue Berlitz où il travaillait. Robert et Joyce, des Européens qui s’étaient connus par correspondance avant de venir s’installer à Montréal. Jean Moretti, séducteur alcoolique sauvé par un lac en Abitibi, aujourd’hui « presque heureux ». Ou encore Diane Wilcox, devenue artiste peintre.
« J’ai eu une enfance magique », reconnaît Jane. À l’heure des comparaisons, des profits et des pertes, Jane, écrivaine et mère de deux enfants — « un ado difficile et une petite fille anxieuse » —, a l’impression que sa réalité d’aujourd’hui ne fait pas le poids. « Une enfance d’odeurs, de couleurs, de
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