L’hypocrisie, mal politique profond, Noam Chomsky, né à Philadelphie en 1928, passe sa vie à la dénoncer. En 2021, il déclare : « Dans les années 1970, le Parti démocrate des États-Unis [qui ne représente en rien “la gauche”] a essentiellement abandonné la classe ouvrière à son sort. Et il n’a pas renoué avec elle depuis. » Son succès, il le doit, dit-il, aux « électeurs des banlieues riches, écoeurés des pitreries de Trump », le républicain.
Ce passage donne le ton du penseur social américain dans Une vie de militantisme, entretiens qu’il accorde à Charles Derber, à Suren Moodliar et à Paul Shannon. Traduit par Nicolas Calvé, le franc-parler de Chomsky se joint à un humour aussi grinçant que démystificateur.
Au sujet de l’ex-président américain, en principe climatosceptique, l’auteur raconte : « Trump lui-même croit fermement au réchauffement planétaire. Il l’a fait savoir lorsqu’il a demandé au gouvernement de l’Irlande d’ériger une digue pour protéger son terrain de golf de la montée des eaux. »
L’irrationalité de Trump est, selon Chomsky, partagée par les « barons de la finance et de l’industrie ». Si le penseur et polémiste s’isole de la plupart des analystes, c’est qu’il n’ignore pas, à la différence de ceux-ci, l’existence des mots conformisme et platitude.
Ainsi, il ose affirmer que le financier et « p.-d.g. de J. P. Morgan Chase, Jamie Dimon, est un homme intelligent et cultivé qui a sûrement connaissance des faits, ce qui ne l’a pas empêché » d’investir dans les combustibles fossiles. « Cette mentalité est généralisée dans l’ensemble du système économique, lequel, conclut Chomsky
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