Paru en premier sur (source): journal La Presse
La vente exclusive de Ginette dans les pharmacies Jean Coutu est une décision qui a été imposée à Ginette Reno par le producteur et homme d’affaires Nicolas Lemieux. C’est ce qu’a soutenu la chanteuse à l’émission Tout le monde en parle dimanche soir. Une affirmation démentie par le principal intéressé.
Publié hier à 10h36
« Je n’ai jamais accepté ça, a dit Ginette Reno sur le plateau de Tout le monde en parle. J’ai même demandé à ce qu’il y ait un médiateur parce qu’à chaque fois que je venais pour lui parler, il voulait tout contrôler, tout manipuler, c’est tout ce que je veux vous dire, c’est qu’en ce moment, ça ne va pas tellement bien [entre nous]… »
La diva québécoise, qui était invitée à TLMEP pour parler de son 42e album, C’est tout moi – qui a récolté trois nominations au prochain gala de l’ADISQ – et de son autobiographie Ginette, a commenté pour la première fois publiquement la décision controversée de vendre son livre exclusivement dans les pharmacies Jean Coutu, contournant ainsi la chaîne du livre, une décision qui avait soulevé l’ire des libraires le printemps dernier.
Ginette Reno a par ailleurs précisé que Nicolas Lemieux n’était ni son gérant ni son imprésario, avant d’ajouter qu’il n’y avait aucun contrat entre eux lorsque l’homme d’affaires s’est entendu avec la direction de Jean Coutu.
Il m’a dit ce qu’il avait fait après. Moi je lui avais demandé : s’il te plaît, ouvre un compte à Jean Coutu, à Costco, Renaud-Bray et Archambault, et aussi à Walmart… Mais il n’a gardé que le compte de Jean Coutu, qu’il avait déjà.
Ginette Reno
Dans une déclaration écrite envoyée à La Presse lundi soir, Nicolas Lemieux, s’est dit « très surpris, voire même déçu », de l’intervention de Ginette Reno au sujet de leur collaboration.
« Premièrement, nos entreprises respectives, soit GSI Musique et Productions Melon-Miel ont bel et bien signé un contrat le 19 décembre 2022, pour la sortie de son nouvel album et de son autobiographie Ginette, précise-t-il. Entre le 6 octobre et le 20 décembre 2022, à sa demande, j’ai discuté à plusieurs reprises de divers scénarios de mise en marché avec elle. Puisqu’elle me demandait ma recommandation, je lui ai mentionné que la meilleure offre sur la table était celle du Groupe Jean Coutu. Le 21 décembre, lors d’une rencontre chez elle, elle m’a dit d’aller de l’avant avec cette offre. »
Lancée le 6 avril dernier, l’autobiographie de Ginette Reno, publiée à compte d’auteure, s’est écoulée à plus de 50 000 exemplaires – des chiffres qui datent de la fin du mois de mai, et qui sont donc assurément plus élevés aujourd’hui. L’entente de Nicolas Lemieux avec les 460 pharmacies de la chaîne Jean Coutu (au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Ontario) prend fin le 31 décembre prochain.
Par rapport à son rôle d’imprésario, le producteur derrière le projet musical Harmonium symphonique, semble étonné de la réaction de Mme Reno.
Le 11 janvier 2023, via l’agence de presse Roy & Turner, nous annoncions pourtant conjointement notre association et [le fait] que je devenais son imprésario. Pendant plusieurs mois j’ai donc traité chacune des demandes faites à Mme Reno. Plusieurs centaines de courriels à cet effet ont été rédigés, soit par moi ou par mon équipe, autour de ses activités professionnelles.
Nicolas Lemieux, producteur
Un modèle d’affaires hors librairie
Le modèle d’affaires privilégié par Nicolas Lemieux a fait l’objet de plusieurs articles dans les médias, incluant La Presse. Il a ouvert la porte de son magasin en ligne (Oziko) aux libraires qui voulaient vendre l’autobiographie de Ginette Reno, mais à ses conditions. Par exemple, il leur offrait 15 % de remise – au lieu des 40 % habituels – ; il leur imposait des ventes fermes sans possibilité de retours (pour les invendus) ; ou encore, il leur faisait payer les frais de transport (normalement assurés par l’éditeur).
En publiant son livre hors du circuit habituel des librairies, Ginette ne se trouve pas non plus dans les bibliothèques du Québec – à moins qu’elles aient reçu des copies sous forme de don, ce qui est arrivé dans plusieurs établissements. Les bibliothèques publiques du Québec ne peuvent en effet légalement faire l’acquisition du livre selon la Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre, qui les oblige à l’acheter dans les librairies agréées de leur région administrative.
Mme Reno a toutefois terminé ce segment de l’entrevue en affirmant qu’elle avait « adoré » sa tournée québécoise des Jean Coutu, qui lui a permis d’aller à la rencontre de ses fans. Un sentiment partagé par Nicolas Lemieux, qui écrit avoir « apprécié chaque seconde passée avec elle ». La tournée avait toutefois dû être interrompue à la suite de problèmes de santé de la chanteuse. « Comment ça va ? » lui a d’ailleurs demandé l’animateur Guy A. Lepage : « Ça va bien, a-t-elle répondu. Si je suis capable de mettre mes bas-culottes, mes boucles d’oreilles et ma brassière, je suis correcte. »
Nicolas Lemieux termine sa « rectification des faits » en regrettant la tournure des événements. « Je trouve toute cette situation bien dommage. Je ne suis pas en chicane avec Mme Reno et mes services ont été livrés selon notre entente. (…) J’ai eu la chance de côtoyer une grande artiste que j’aime et que je respecte. Après un immense succès commercial, cette opération lui a été bénéfique. »