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Webster signe la première traduction française du livre Le contrat racial 

 

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Webster signe sa première traduction d’un ouvrage publié en 1997, qu’il considère comme essentiel.

Photo : Page Facebook de Webster LS

Radio-Publié à 17 h 33

Véritable compagnon de lutte pour plusieurs groupes minoritaires depuis sa parution, en 1997, le livre The Racial Contract, du philosophe américain Charles W. Mills, n’avait jamais été traduit en français. Le rappeur et historien montréalais Webster s’est attelé à la tâche il y a deux ans, et sa traduction, Le contrat racial, a été lancée mercredi aux éditions Mémoire d’encrier, maison qui célèbre cette année son 20e anniversaire.

C’est une première incursion dans le monde de la traduction pour Webster, qui signe le livre sous son vrai nom, Aly Ndiaye. Il est tombé sur l’œuvre par hasard en 2020, terminant sa lecture environ au même moment où perdait la vie aux mains de policiers blancs aux , propulsant le mouvement Black Lives Matter (la vie des personnes noires compte).

J’ai eu ce sentiment d’urgence, et je me suis dit “je vais le traduire”, explique le rappeur. N’étant ni traducteur ni philosophe, je me suis lancé un peu follement dans l’aventure. Comme je dis dans une chanson, c’est en sautant sans parachute que tu voles de tes propres ailes.

Tout au long de l’exercice, Webster a eu l’appui de Mémoire d’encrier et de son fondateur, , ainsi que de Charles W. Mills lui-même, jusqu’à son décès, en septembre 2021. 

L'homme pose pour la photo.

Charles W. Mills a été emporté par un cancer le 20 septembre 2021.

Photo : Mémoires d’encrier

Le contrat social est avant tout un contrat racial, selon Mills 

Charles W. Mills est né à en 1951, mais a grandi à Kingston, en Jamaïque. Formé à l’Université des Indes occidentales et à l’Université de , il a passé une vie principalement universitaire, en tant que professeur, auteur et philosophe. 

The Racial Contract, son ouvrage phare, expose les failles du contrat social, qui est avant tout un contrat racial, selon lui; un contrat élaboré par le système de domination européenne. Le contrat racial, c’est la façon dont la suprématie blanche a façonné le monde moderne, explique Webster. 

Il n’y a pas de monde moderne sans l’esclavage transatlantique des Africains. Il n’y a pas de monde moderne sans la dépossession territoriale autochtone, sans le génocide autochtone. La révolution industrielle n’existe pas sans ces crimes contre l’humanité. 

« La notion de race a façonné une humanité à deux vitesses. On a une humanité blanche, qui a des droits et des privilèges, et on a une semi-humanité non blanche. »

— Une citation de  Aly Ndiaye, alias Webster

Webster poursuit en expliquant que les balbutiements du contrat social ont vu le jour au siècle des Lumières, alors que les scientifiques se sont mis à classifier tout ce qui les entourait; une époque marquée par un universalisme européen.

On classe les plantes, les animaux. On classe les hommes, on les hiérarchise, on les essentialise. Je vous laisse deviner qui on met en haut de la pyramide, résume le traducteur. 

Un sujet criant d’actualité 

À l’époque de sa publication, Le contrat racial n’avait pas réellement fait sensation au sein du milieu philosophique ni auprès du grand public, mais l’ouvrage a résonné fort chez les activistes antiracistes et les personnes opprimées en général. 

Si Webster a voulu le traduire en français, c’est qu’il est d’avis que les propos de Mills sont encore brûlants d’actualité. Ce que Mills explique, finalement, c’est quelque chose qu’on vit, qu’on ressent, qu’on sait, mais qu’on n’articule pas nécessairement de cette manière-là, explique-t-il. 

Il espère que sa traduction amènera le livre à être ajouté dans les cursus universitaires francophones, chose faite depuis longtemps aux États-Unis et au Canada anglophone; un décalage qu’il explique par l’absence d’une version française, mais aussi par les luttes sociales propres au Québec. 

« Mon souhait le plus ardent, c’est que Le contrat racial fasse partie des cursus scolaires, mais que le proverbial monsieur madame Tout-le-monde puisse le lire aussi. »

— Une citation de  Aly Ndiaye, alias Webster

On a moins accès à la littérature antiraciste dans le monde francophone, ce qui fait qu’on accuse un certain retard dans la théorisation de ces luttes-là par rapport aux États-Unis ou au Canada anglais, explique-t-il. Et je pense qu'[au Québec], la lutte concernant les oppressions a toujours été à travers la dichotomie anglo-franco, tout le reste a été subordonné. 

Le contrat racial n’est pas une fatalité

Webster espère aussi que le livre de Mills pourra ouvrir les yeux au grand public sur le concept de « blanchité », qui fait référence entre autres à l’hégémonie sociale, culturelle et politique blanche à laquelle sont confrontées les minorités raciales. 

Mills théorise la blanchité comme étant quelque chose de volontaire; ce n’est pas parce que tu es blanc que tu es signataire de la blanchité. Quand tu arrives à comprendre tes privilèges, quand tu arrives à te positionner contre cette structure de pouvoir, tu peux refuser de signer le contrat racial, explique Webster. 

Le contrat racial pour qu’on puisse comprendre la nature réelle de notre histoire, et partir de là pour remettre en question le statu quo. C’est en nommant les choses qu’on peut les retravailler, les changer.”,”text”:”Mills a écrit Le contrat racial pour qu’on puisse comprendre la nature réelle de notre histoire, et partir de là pour remettre en question le statu quo. C’est en nommant les choses qu’on peut les retravailler, les changer.”}}”>Mills a écrit Le contrat racial pour qu’on puisse comprendre la nature réelle de notre histoire, et partir de là pour remettre en question le statu quo. C’est en nommant les choses qu’on peut les retravailler, les changer.

Le contrat racial est accompagné d’une nouvelle préface, signée par l’auteur original, Charles W. Mills. Deux lancements en compagnie de Webster sont prévus pour le livre, le premier le 10 février à la Librairie Racines, à , et le second le 17 février à la Librairie Pantoute à Québec.

Ce texte a été écrit à partir d’une entrevue réalisée par Catherine Richer, chroniqueuse culturelle à l’émission Le 15-18. Les propos ont pu être édités à des fins de clarté ou de concision. 

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