Source : Le Devoir
« Dans les centaines de pages disparues du livre, j’en veux à mon frère. De me renvoyer au pays des morts et du désamour. J’en veux au monde, à ce tour joué. » Faisant appel à Annie Ernaux et à Marie Uguay, Marisol Drouin (Je ne sais pas penser ma mort, 2017) signe un récit d’autofiction où elle exprime la peine insurmontable d’avoir perdu son frère jumeau à qui elle n’a jamais révélé qu’elle était « occupée à le piéger avec [elle] dans un livre ». Épousant la pensée éclatée de la narratrice, rongée par la culpabilité d’avoir survécu à la maladie, révoltée par l’espoir de guérison du frère qu’on lui a fait miroiter, Jumeau jumelle rappelle, par son lyrisme et sa forme fragmentée, un tombeau poétique où l’autrice s’attache désespérément aux souvenirs de jeunesse qu’elle partage avec le cher disparu. Se plaisant à brouiller la frontière entre la vérité et le mensonge, elle cultive le mystère entourant ce livre qu’elle construit et déconstruit minutieusement jusqu’à la bouleversante révélation finale.
Jumeau jumelle
★★★ 1/2
Marisol Drouin, La Peuplade, Chicoutimi, 2023, 96 pages
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