Paru en premier sur (source): journal La Presse
Le silence des femmes semble être le même partout, et ce, peu importe leur âge, la langue qu’elles parlent ou le pays qu’elles habitent.
Mis à jour à 9h00
La narratrice, une adolescente d’origine roumaine qui vit en banlieue de Montréal, observe comment les femmes de sa famille se sont transmis, à leur insu, un code du silence impénétrable. « Nous sommes des femmes criblées de trous », écrit-elle.
Il y a cette grand-mère paternelle qui vit encore dans le sud de la Roumanie et qui demande à son fils s’il frappe sa femme, tout en se souvenant comment son mari l’a battue avant de conclure que « c’est la vie ». Il y a ce silence qui s’installe entre le père et la fille, qui décide finalement de se taire quand il faudra parler.
Entre les souvenirs et les scènes de repas, semblables à des tableaux de nature morte qui cherchent à préserver ce qui reste du vieux pays, entre le français et le roumain qui se mélange au texte, il y a ces messages insistants d’un jeune homme qui harcèle la narratrice. Le malaise grandit avec les pages, comme un étau fait de mots — mensongers, manipulateurs.
Quelle étrange sensation d’étouffement que réussit à provoquer cette autrice de 24 ans dans ce premier roman, aussi frappant que lapidaire, qui se lit d’un trait. Un texte qui montre que malgré #metoo, l’éveil des consciences et les avancées juridiques, les femmes font toujours face à un système qui continue de soupeser leur parole lorsqu’elles osent enfin parler.
Femmes silencieuses
Héliotrope
136 pages