Paru en premier sur (source): journal La Presse
Dans le paysage culturel français, Blandine Rinkel est un être à part. Touche-à-tout, elle est journaliste, écrivaine, chanteuse du groupe pop Catastrophe, dramaturge, et même comédienne à ses heures.
Publié à 12 h 00
Dès le premier livre, L’abandon des prétentions, publié en 2017, elle s’est retrouvée en lice pour le Goncourt du premier roman. La faille est son sixième livre. Ce n’est pas un roman, pas tout à fait un essai, plutôt un récit littéraire dans lequel Rinkel réfléchit à la notion de famille, ce mot qu’elle n’arrive pas à écrire correctement. Preuve manuscrite à l’appui, on peut en effet constater que son « m » s’étire jusqu’à disparaître, et que « famille » devient « faille ».
Ce n’est pas un hasard, car la famille, l’autrice l’a fuie depuis toute petite. Il faut dire que sa naissance a été précédée d’un drame, son père ayant perdu sa première famille dans des circonstances dramatiques. Cet évènement pèse lourd sur cette seconde cellule familiale dont Blandine Rinkel est la fille unique. Une cellule plombée par les non-dits et la violence, condamnée à exploser.
Dans un texte écrit au « je » qui se revendique de Maggie Nelson et de Rebecca Solnit, Blandine Rinkel mêle l’autobiographie et l’analyse sociologique. Elle raconte son mal-être, son irrépressible désir de s’éloigner, de se libérer de liens familiaux étouffants pour s’émanciper à l’extérieur des conventions et des attentes.
À partir de films et de textes d’autres auteurs qui viennent étoffer sa réflexion, Blandine Rinkel nous propose une critique originale et riche sur l’évolution et les différentes incarnations de la famille. Franchement brillant.

La faille
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239 pages