Simon Johannin est littéralement en extase devant cette femme qu’il voit ou cette mer qui l’accapare. Sa fragilité se liquéfie. On pourrait croire que ce romantisme intempestif dérange, et pourtant non. L’authenticité de cet intimisme dévoile un coeur : « Je veux encore que tu t’attaches / À mon corps comme au socle d’une vie / Où poser nue pour toujours. » Voici un recueil sur le désir simple, plus encore sur la sensualité contre le désespoir et la finitude. La dernière saison du monde est celle du toucher et de l’oeil attentif. Mais il faut lire aussi ses Notes sur la ville, en seconde partie. Une série de tableaux urbains incisifs et portés par une poésie acérée : « Derrière le portail et la petite grille, dans ces pièces angoissantes de collectivité, on donne à Joseph une assiette sans motif. / Avant, elles étaient fleuries pour Joseph. / Puis l’on s’est rendu compte qu’une fois fini le plat, il essayait de manger les coquelicots. / Fleurs de faïence troublant Joseph qui butine le mirage […] ».
La dernière saison du monde
★★ 1/2
Simon Johannin, Alia, Paris, 2022, 112 pages
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