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Quand Tristan Malavoy plonge ses mains dans la glaise familiale pour dépoussiérer les destins sinueux de son ascendance, ne vous attendez pas à une séance de diapositives longuette et rébarbative.
Publié à 17h00 ✓ Lien copié Sylvain Sarrazin La Presse
À travers trois portraits, mosaïques imparfaites reconstituées avec des fragments éclatés et disséminés au gré de documents, d’archives et de souvenirs d’enfance, il braque des projecteurs aveuglants sur les visages de ces personnes (pour ne pas dire personnages) ayant marqué au fer rouge ses vertes années ; et continuant de l’habiter, comme autant de pierres d’assise de son propre cheminement.
Tout d’abord, il y a André Malavoy. Lui qui, du haut de ses 24 ans, avait répondu à l’appel du 18 juin sans l’ombre d’une hésitation. Malgré la débâcle française, il souhaitait manipuler les informations comme autant d’armes contre l’envahisseur, avant que les tenailles de ce dernier ne se referment sur lui. Les camps, les coups, la faim à en crever : une longue nuit s’abat sur lui, dont il ne s’extirpe qu’avec une volonté d’acier et les béquilles de la poésie. Mais ce tableau exécuté avec des teintes d’héroïsme se décline avec d’autres nuances que celles véhiculées dans la famille, laissant planer zones d’ombre et doutes.
Puis il y a Alexina, et ses « 17 enfants, 14 vivants », traversant le cœur du siècle, tenant bon dans sa barque amoureuse au gré des remous d’un Québec naviguant en eaux catholiques. Franchissant un palier supplémentaire dans l’escalier en colimaçon du siècle, on retrouve enfin Mandette, l’arrière-grand-mère de l’auteur, dont le mari lettré écrira le dernier chapitre de sa vie dans les tranchées de 1914-1918, tandis qu’elle s’apprêtait