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Publié à 7h00 ✓ Lien copié Philippe Yong : le roman de l’enracinement
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Philippe Yong
Parce qu’il était l’heure qu’il était, Philippe Yong savait que si son téléphone sonnait, c’est que c’était un ami français qui l’appelait, un peu soûl. « Ce soir-là, on a discuté pendant une heure, comme d’habitude, mais en raccrochant, j’ai eu une sorte de sentiment de mélancolie intense à me dire : ‟Pourquoi je ne suis pas en train de boire des verres avec lui, plutôt que d’être ici ?” », se souvient celui qui vit à Montréal depuis huit ans, mais qui est né en France de parents coréens. « Je ne sais pas pourquoi ça s’est formulé comme ça, mais je me suis dit : ‟Tu es un peu hors-sol.” Il y avait une forme de flottement identitaire, de déracinement derrière tout ça. »
À l’image de ces plantes qui poussent sans le soutien de l’humus, Alvare, personnage principal de Hors-sol, flotte au-dessus de sa propre existence. Dans le Champ des possibles, un terrain en friche du Mile-End situé en bordure d’un chemin de fer, l’agronome érige une serre comme on se construit un bunker. Mais les experts en communication de la mairie phagocyteront rapidement la noblesse de son projet, afin d’y faire fructifier les votes, plutôt que les légumes, et au passage, tenter de transformer le jardinier en icône.