Qu’il nous entraîne à Paris, à Dublin ou à Barcelone, sous l’un ou l’autre de ses multiples déguisements, Enrique Vila-Matas ne nous trompe jamais vraiment : la littérature est chaque fois le véritable personnage de ses livres. Montevideo, son nouvel opus, est un petit labyrinthe de mots et de papier dans lequel il remet en question, sautant sans ciller d’un livre à l’autre, l’idée même de la réalité. À travers une fascinante dérive autobiographique masquée et une enquête aussi fausse que délirante, l’écrivain espagnol, au gré de détours qui nous font passer par Paris, Reykjavik et Bogotá, retrouve comme un pèlerin l’hôtel de la capitale uruguayenne qui se trouve au coeur d’une nouvelle de Julio Cortázar (La porte condamnée)et tente d’en revivre l’intrigue. Tournant un peu le dos au public — à la façon d’un Miles Davis —, joueur impénitent, Vila-Matas active sous les couches d’affabulations un incessant chassé-croisé de digressions, d’autodérision et d’humour savant.
Montevideo
★★★★
Enrique Vila-Matas, traduit par André Gabastou, Actes Sud, Arles, 2023, 272 pages
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