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Marie Laberge a accordé une longue entrevue à Patrice Roy vendredi pour le Téléjournal.
L’écrivaine Marie Laberge fera paraître cet automne Dix jours, son seizième roman, une aventure littéraire qu’elle qualifie « d’unique dans sa vie ».
Le courage : c’est ce que Marie Laberge répond lorsqu’on lui demande quelle est la plus belle des vertus. Et l’audace semble avoir été le moteur de l’écriture de son nouveau roman, Dix jours.
C’est quelque chose d’unique dans ma vie, c’est quelque chose que je n’ai jamais fait et que je ne voulais pas faire. Il y a comme une victoire de l’avoir fait, mais il y a une grande découverte de moi à travers ça, de ma capacité à écrire autrement
, a-t-elle affirmé à Patrice Roy à l’antenne du Téléjournal le vendredi 21 avril.
Si l’intrigue de ce nouvel ouvrage reste pour l’instant mystérieuse, l’autrice a indiqué que le manuscrit avait eu l’aval de ses trois premières lectrices, les mêmes depuis près de 40 ans, et qu’il avait été remis à son éditrice.
Humaine avant tout
Chose certaine, Marie Laberge est toujours animée par un besoin quasi viscéral d’aller fouiller la nature humaine, dans ce qu’elle a de noble ou pas. L’écrivaine n’a pas peur de plonger dans la souffrance de ses personnages, bien qu’elle ne se décrive pas elle-même comme une personne particulièrement triste ou tourmentée.
« Pour moi, d’atteindre quelqu’un, de soulever quelque chose qui grondait dans cette personne-là sans qu’elle puisse auparavant le nommer, c’est la plus grande chance au monde. C’est tout ce qui m’intéresse. »
Son roman Gabrielle s’est récemment hissé au cinquième rang du palmarès des meilleurs romans québécois, selon un sondage de la firme Léger réalisé en 2021. Or, un certain vent de snobisme de la part du milieu littéraire semble ne jamais avoir connu de véritable accalmie, malgré la parution de 20 pièces de théâtre et de 15 romans.
Les thèses d’université sur mon œuvre, ils le feront quand je serai morte s’ils ne veulent pas le faire maintenant. De toute façon, pour qui peut-on se prendre? On va tous mourir. Je ne suis pas une grande penseuse, je suis un être humain et c’est bien correct pour moi.
Marie Laberge s’intéresse tout particulièrement aux réalités des femmes. Sa trilogie Le goût du bonheur, écrite dans la période de déception qui a suivi le référendum de 1995, fait d’ailleurs la belle part aux personnages de Gabrielle et d’Adélaïde. Son dernier roman, Contrecoup, paru en 2021, aborde quant à lui le choc vécu par l’entourage de trois victimes de féminicides.
Bien que la majorité de son lectorat soit composé de femmes, l’écrivaine n’écrit pour aucun public cible. Je connais bien des hommes qui ont lu mes livres et qui ne se sont pas trouvés rejetés, ou éloignés, ou non concernés
, souligne-t-elle.
À 72 ans, Marie Laberge pense que l’appel irrésistible des mots n’est pas près de cesser.
Pour bien vivre et bien respirer, je dois écrire. C’est la bibitte que je suis. Probablement qu’à ma mort, j’aurai une plume entre les mains.