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Rien. | La grande valeur d’un « rien »

Paru en premier sur (source): journal La Presse

La comédienne et chanteuse Laurie Blanchette publie ces jours-ci un fort joli , alliant , dessins, confidences et, surtout, guide pratique sur un sujet à la fois fort simple et pourtant si vertigineux : l’art du « rien ».


Publié à 9 h 00

C’est d’ailleurs le titre son livre, à la couverture minimaliste de circonstance, publié ces jours-ci chez Amérique : Rien.

Certes, à vue de nez, l’idée peut sembler simpliste. Elle n’est effectivement pas révolutionnaire. Sauf qu’en ces temps turbulents, la proposition nous apparaît d’autant plus intéressante qu’elle n’a qu’un seul et unique objectif : « nous faire du bien », comme le résume l’, rencontrée chez elle en début de semaine pour parler de… « rien ».

Oui, on s’est permis d’en rire, et elle aussi d’ailleurs. À noter que cette complicité naturelle est l’une des forces de son petit ouvrage, au ton direct et au propos accessible, qui mise avant tout sur l’accessibilité, justement.

« Avec mon métier de comédienne, débute-t-elle, j’ai beaucoup de temps libre et j’aime être dans ma bulle, j’ai besoin de m’éclipser, par exemple dans un chalet, toute seule. Je me suis rendu compte que ça fait un bien fou de mettre le “rumble” [grondement] sur pause ! », dit celle qui ne cache pas avoir une passion pour le cardio et une tendance à vouloir rentabiliser chaque nanoseconde, bref, un petit hamster assez actif, merci.

« Et puis, j’ai aussi fait plusieurs retraites, confie Laurie Blanchette. Des milliers d’heures de “rien” ! »

Un « rien » accessible à tous

Ce qu’elle entend par « rien », au fait ? « C’est offrir à notre tête une pause mentale, c’est un break à notre hamster qui roule à 100 miles à l’heure. » L’importance de ce fameux « break » lui est apparue un jour, lors d’un contrat d’animation assez exigeant mentalement, quoique peu « glorieux », de son propre aveu. « J’étais épuisée : je faisais la lutine dans un centre d’achat ! » rit-elle. Pendant sa pause, assise sur des bacs de costumes dans une salle à l’écart, elle se met à « scroller » sur son cellulaire, « comme on fait pour se reposer ». Sauf que ça ne la repose pas du tout, réalise-t-elle. Tout le contraire. « Heille, je vais poser mon cellulaire, se dit-elle, et ne rien faire. Je vais être consciente de ce qui m’entoure, de ma respiration, du contact de mes fesses sur ce bac de costumes… » Et ainsi s’est mise à germer l’idée du « rien ».

Vous l’aurez sans doute deviné, l’affaire ressemble drôlement à de la méditation. Vous n’avez pas tort. C’en est. Sauf que le mot n’apparaît formellement qu’au 6e chapitre du livre. « Je n’ose pas le dire trop vite, explique-t-elle, j’ai l’impression que le mot “méditation” vient avec beaucoup de pression, alors que “rien”, c’est tellement simple ! […] Presque trop simple, concède-t-elle, en même temps c’est plus accessible, moins chargé. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI,

Laurie Blanchette

J’ai voulu amener ça de la façon la moins compliquée possible, avec le plus de légèreté.

Laurie Blanchette, comédienne, chanteuse et autrice

C’est ainsi que, de chapitre en chapitre, elle propose différents exercices, d’abord très brefs, puis de plus en plus élaborés. Par exemple ? « On dépose notre attention sur l’ici et maintenant, oui, par la respiration, mais pas seulement. Avec les sons, les sensations corporelles, comment on se sent. »

Gare au pilote automatique

Certes, Laurie Blanchette n’a pas suivi de cours « didactique » en méditation. Mais elle ne se sent pas ici impostrice pour autant. Pour cause : « Je parle vraiment de , et c’est pour ça que j’amène le “rien” de la façon la plus bienveillante possible. Comment tu te sens ? Si tu n’es pas bien, arrête ! » Pas question de se mettre de pression à réussir à ne rien faire, ce serait bien le comble, on l’aura compris.

Pourquoi est-ce si dur, au juste ? « J’ai l’impression que notre connectivité fait que c’est très difficile », avance-t-elle.

On est surstimulés, avec nos téléphones, les réseaux sociaux, tout va vite, le travail veut qu’on aille vite, il y a une pression à être efficace, on ne veut pas perdre une seconde, alors c’est pour bien faire ! […] Mais au final, on a tellement besoin de ces moments-là !

Laurie Blanchette, comédienne, chanteuse et autrice

Curieusement, il y a carrément une « efficacité » au « rien », poursuit Laurie Blanchette. « C’est là qu’on va avoir de bonnes idées, se connecter à notre créativité, que notre intuition va nous chuchoter des affaires ! »

Sinon quoi ? « On risque de vivre notre vie sur le pilote automatique… », croit-elle.

À noter qu’il n’est pas nécessaire de se mettre en position du lotus pour ne rien faire. L’autrice pratique le « rien » de toutes sortes de manières : « Quand je marche, j’essaye de marcher vraiment, quand je joue avec ma fille, j’essaye d’être avec elle, quand j’attends ma toast, etc. » Faire un casse-tête, dessiner des mandalas, mais aussi courir, nager, si vous êtes dans le moment présent, et que vous vous concentrez sur ce que vous faites, c’est un peu du « rien » aussi. À chacun son « rien ».

D’ailleurs, en publiant ce livre, c’est son plus grand souhait : voir quelqu’un en flagrant délit de « rien », conclut Laurie Blanchette en riant. « Je rêve d’être dans le bus, voir quelqu’un avec mon livre, le fermer et… ne rien faire ! »

Rien.

Rien.

Laurie Blanchette

Québec Amérique

184 pages

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