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Chronique | Le marché immobilier de la Ville Reine sur la scène du Théâtre français de Toronto

 

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Crawlspace : une vraie de vraie histoire vécue d’horreur immobilière est une pièce qui touche au cœur de l’une des grandes préoccupations torontoises : le marché immobilier. Le public est invité à suivre Karen Hines dans sa descente aux enfers à la suite de l’achat d’une petite maison dans la Ville-Reine en 2006.

Le à été traduit spécifiquement pour être joué au français de (TfT) par la dramaturge multi-lauréate du du Gouverneur général, Mishka Lavigne. La pièce, créée en 2023, est de retour sur scène pour deux représentations avant une tournée canadienne.

Karine Ricard incarne le rôle principal de Crawlspace. Elle appuie ainsi l’une des nouvelles orientations qu’elle souhaite donner en tant que directrice artistique de la compagnie : jouer des pièces traduites de l’anglais au français.

Elle justifie sa décision en affirmant qu’à Toronto on est entouré par la culture anglophone, pour moi ça ne fait pas de sens qu’on baigne dans cette culture et qu’on n’essaye pas de faire des ponts . Elle souligne aussi que la compagnie veut être ancrée et parler au public de la métropole et ce texte là parle de Toronto, d’une réalité qui touche aussi nos spectateurs .

Crawlspace est présenté dans le studio du TfT, sur la rue Collège. L’ambiance est celle d’un intimiste où le public vient écouter le quasi-monologue assis autour de tables, un verre à la main.

Tout le risque est pris par l’acheteur

Lorsque la lumière s’éteint, c’est une femme au bout du rouleau, mais souriante qui traverse le public pour monter sur l’estrade. Elle commence par évoquer l’annonce de sa maison, son rêve d’avoir un endroit à elle, mais elle nous annonce en guise d’introduction qu’elle a tout perdu, la maison et ses économies, en l’espace de 18 mois.

Toute l’histoire met en lumière les mauvaises décisions prises par l’héroïne. En une heure et demie de spectacle, elle déballe tout, ou presque, puisqu’elle raconte ses déboires sous la surveillance de son avocate (Meilie Ng) qui veille à ce que l’héroïne se conforme au texte – ce qu’elle ne fait évidemment pas.

Karine Ricard est sur scène sous une table, dans une lumière tamisée.

Karine Ricard est la directrice artistique du Théâtre français de Toronto

Photo :

EVRTHNG HD BN DN , c’est la phrase abrégée que l’on retrouve dans de nombreuses annonces immobilières, pour dire Everything has been done (tout a été fait), une formule censée rassurer l’acheteur. L’héroïne s’appuie sur cette phrase pour faire ressortir tout l’absurde de la situation dans laquelle elle a été plongée malgré elle.

Bien qu’elle ait été piégée lors de l’acquisition, elle parle aujourd’hui avec recul et ironie. Après-tout, elle pensait que ce genre d’histoire ne pouvait pas arriver au Canada, un pays moderne où le consommateur est protégé. Elle s’auto persuade à l’extrême, mais du point de vue des spectateurs, on à l’impression que la spirale dans laquelle la protagoniste est prise ne s’arrête jamais : souris, vermine, moisissures, courants d’airs, fissures, voisins… Jusqu’au moment où elle doit vivre pendant des mois avec l’odeur d’un animal mort qui imprègne toute la maison.

L’histoire se passe il y a presque vingt ans et on se rend compte, à l’écoute du , que finalement peu de choses ont changé. Crawlspace nous force à relativiser notre rapport à la propriété avec humour et recul. Le pari du Théâtre français de Toronto est rempli : parler d’un sujet économique qui préoccupe tous les torontois avec humour, finesse et légèreté.

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