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Six titres d’ici et d’ailleurs pour éclore au beau milieu du printemps des livres jeunesse.

Le Devoir Lire

Comme nous, les enfants ressentent les tremblements du . Leur petite taille leur confère néanmoins un net avantage : leur centre gravité échappe aux bourrasques éphémères et il faut de grandes secousses pour venir à bout de leur équilibre. Avec eux, bien assis sur nos fesses, on peut affronter de grandes tempêtes, l’esprit grand ouvert devant la fenêtre des livres. Voici six fenêtres à leur proposer.

Cœur lourd, valise légère

Chaque jour, partout dans le monde, l’humanité engendre de nouveaux naufragés d’une violence aussi saisissante qu’inutile. Parmi eux, trop souvent, se trouvent des jeunes d’âge mineur. Au , chaque année, ils sont plus de 400 qui arrivent, sans adulte pour les accompagner, avec l’espoir d’obtenir le statut de réfugié. Seuls relate le croisé de trois d’entre eux : Afshin, Alain et Patricia.

C’est Paul Tom — le réalisateur du magnifique documentaire Bagages — qui offre une voix à ces trois protagonistes et au récit des embûches, des déchirements et des deuils qui ont criblé leur traversée vers le Canada. Guidés par la résilience, le courage et l’espoir, Afshin, Alain et Patricia commandent le respect et l’empathie. Leurs histoires sont accompagnées des illustrations de Mélanie Baillairgé, qui ont l’intelligence du dépouillement, soulignant le flottement incertain des personnages et l’immatérialité de leur drame.

Remonter le fil de l’histoire

Le plus récent album de Benjamin Lacombe, Cécité Malaga, met lui aussi en scène une jeune fille au destin improbable. On suit pour l’occasion le fil d’une prodigieuse funambule aveugle, qui garde l’équilibre de son existence en maintenant le mystère de son passé. Une chute la plonge cependant dans un abîme qui lui révèle une histoire qu’elle croyait perdue à jamais, lui faisant entrevoir l’avenir d’un nouvel œil.

Récit d’une jeune protagoniste non voyante, Cécité Malaga est un spectacle pour les yeux. Les planches, d’une beauté saisissante, installent une ambiance onirique et intemporelle, comme si l’histoire flottait au-dessus du vide. Les enfants flâneront dans des scènes hypnotiques, tandis que les parents apprécieront un symbolisme larvé, qui orchestre le montage de l’histoire et ses illustrations, projetant cet album unique en des horizons inattendus.

de collection

Après Boréal, c’est au tour des Éditions de La Bagnole de se lancer dans la danse de la poésie, faisant naître la collection Fuwa Fuwa — mot japonais qui signifie « aéré ». Deux titres inaugurent ce mois-ci la nouvelle collection : Dessiner dans les marges et autres activités de fantôme, de Carolanne Foucher, et Besties, d’Alexandra Campeau.

Dans Besties, la narratrice tente de faire le deuil d’une amitié qui n’est plus, s’engageant dans le fouillis de ses souvenirs pour célébrer, s’expliquer et grandir après cet épisode marquant de sa . Dans une langue qui ne s’embarrasse d’aucun fard, elle s’approche au plus près de l’émotion, faisant rejaillir sa vérité : « j’aurais dû me douter / que quand tu tournes / la page / tu brûles / le livre ». Les vers, construits à la manière d’une prose hachurée et défaite de sa ponctuation, constituent une belle initiation pour qui ne s’est jamais frotté à la poésie. Prometteur.


Une année à la ferme

 

La jardinière des océans

À travers les fenêtres

Seuls

★★★★

Texte de Paul Tom et illustrations de Mélanie Baillairgé, La courte échelle, , 2022, 144 pages. À partir de 10 ans.

Cécité Malaga

★★★★

Benjamin Lacombe, Albin Michel, , 2022, 60 pages. À partir de 5 ans.

Besties

★★★

Alexandra Campeau, La Bagnole, Montréal, 2022, 120 pages. À partir de 14 ans.

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