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Chauffeur d’autobus pendant 32 ans pour la Société des transports de Montréal (STM), Sylvain Noël a longtemps mené une double vie… sur les planches.
En 1995, il a livré un numéro d’humour – une parodie d’un chauffeur d’autobus – dans le cadre du festival Juste pour rire. Il a eu la piqûre : J’ai adoré l’expérience. Je voulais remonter à tout prix sur scène, faire du théâtre.
Comme projet de retraite, lui et son frère, Rénald Noël, qui se plaît à fabriquer des décors, ont lancé en 2007 la troupe de théâtre amateur l’Académie théâtrale l’Envol de Laval.
Comme bien du monde, mon frère, ma sœur et moi, on se voyait dans le temps des Fêtes, et quelques fois par an, sans plus. Mais à la retraite, on s’est développé, avec le théâtre, une belle complicité
, souligne Sylvain Noël, tout sourire.
Sans être engagée activement dans la troupe, leur sœur Sylvie Noël assistait à chacune des représentations, un loisir qui s’est arrêté brusquement en 2012, moment où elle est devenue aveugle, à l’âge de 48 ans.
À la suite d’un banal examen de la vue, Sylvie Noël s’est fait prescrire une visite chez un neurochirurgien. Diagnostic : une tumeur envahissante à l’hypophyse.
« Je me suis endormie [sur la table d’opération], je voyais tout le monde. Je me suis réveillée, je ne voyais plus rien. »
Son sens de l’humour, Sylvie Noël ne l’a pas laissé sur la table d’opération : Avec Sylvain et Rénald qui venaient de prendre leur retraite, ça m’écœurait. J’ai trouvé le moyen d’arrêter, moi aussi.
Celle qui a fait carrière comme chargée de projet a dû tout réapprendre : marcher avec une canne blanche, faire la cuisine sans se couper, naviguer sur le web avec un lecteur d’écran.
Mais l’une des plus grandes épreuves pour elle a été de ne plus pouvoir voir de ses yeux les pièces montées par sa fratrie.
« Pour moi, c’était inconcevable qu’une personne, que ma sœur, surtout, en plus de perdre la vue, perde aussi l’accès à la culture si riche du Québec. »
On s’est aperçu qu’elle ne venait plus voir nos spectacles. Elle n’avait plus d’intérêt. On trouvait ça triste
, mentionne Rénald Noël, qui porte une prothèse oculaire, et voit donc d’un seul œil depuis l’âge de cinq ans.