Pénurie de main-d’œuvre, conditions de soins horribles et manque de divertissement sont probablement les mots qui viennent en tête lorsque l’on pense aux CHSLD montréalais. Métro est allé voir l’état du CHSLD Sainte-Anne et pour faire état des lieux et possiblement inspirer ceux qui hésitait à donner un coup de main en faisant du bénévolat.
Commencer le bénévolat en CHSLD
Sachez d’abord que les bénévoles ne prodiguent de soins. Ils servent plutôt à divertir, tenir compagnie et soutenir le personnel dans quelques tâches comme les déplacements ou encore le service de plats.
Pour devenir bénévole, on doit s’inscrire en ligne sur le site du CIUSSS qui nous intéresse puis indiquer nos envies, notre emplacement et nos disponibilités. Lorsque l’adhésion est confirmée par courriel ou téléphone, une formation obligatoire d’environ deux heures est nécessaire. Des renseignements sur les responsabilités d’un aidant, le lieu, la clientèle et la sécurité sont fournis.
Avant de se rendre au CHSLD avec ses bonnes intentions et le désir de faire du bénévolat, une enquête sur les candidats est effectuée afin d’assurer la sécurité de la clientèle vulnérable. Une décharge interdisant la divulgation d’informations personnelles des patients ainsi qu’une entente sur les responsabilités requises par le centre de soin doivent être signées.
Arrivée
Se rendre au bon pavillon, c’est un peu comme essayer de sortir d’un labyrinthe. C’est un grand bâtiment sur un grand terrain et trouver comment rentrer est un beau défi.
Une fois le défi relevé, on arrive au bureau des bénévoles, au 2e étage. Nous avons été accueillis par, entre autres France David, coordonnatrice des bénévoles et deux bénévoles, Steve Dursa et Donald Staniforth, qui étaient sur place pour aider lors d’un pique-nique dans la cour organisée pour les vétérans. Au menu : p’tits sandwichs pas d’croûtes, salades, DJ sur place (oui, madame!) et beaucoup de sourires.
Steve Dursa fait du bénévolat depuis 2007: à sa retraite, il voulait redonner à la société, d’où sa présence en CHSLD depuis près de 15 ans, et ce environ 20 heures par semaine.
Donald Staniforth, son camarade, fait du bénévolat depuis dix ans. Il allait au début visiter les amis de son père, vétéran, puis a voulu s’impliquer auprès des anciens combattants.
Dans la salle des bénévoles, un tableau de décès se trouve au mur, affichant les derniers départs.
La question qui brûle les lèvres : comment vit-on avec la perte fréquente de gens avec qui on crée un lien? Les deux hommes hésitent un peu, puis s’entendent pour dire que c’est dur, surtout au début. Par la suite, ils ont appris à regarder de l’avant et accepter que ça fait partie du cercle de la vie.
Tour de pavillons
On accueille leur résilience avec émotion puis on poursuit avec un tour des pavillons. Une cantine a été spécialement mise sur pied pour les vétérans et leurs visiteurs. On n’y offre pas que des noix et de la luzerne, mais aussi de la poutine et de la crème glacée, question que tout le monde se fasse plaisir un peu.
Parmi les aménagements mis à leur disposition : salle de menuiserie pour travailler le bois dans le but d’en faire des petits objets pratiques ou décoratifs, machines à tissage, bibliothèque avec livres, jeux de société et ordinateurs, piste de bowling et quelques jardins aménagés. Les fumeurs ont aussi leur fumoir dans l’immeuble.
Les résident.es ont droit de personnaliser et décorer leur chambre pour s’approprier les lieux. Certains ont même recours à des chats mécaniques, de petits félins robotiques qui miaulent et ronronnent. La zoothérapie version 2022, quoi!
Vers midi, les vétérans se sont réunis sous le chapiteau extérieur, petit verre de vin ou de bière avec ou sans alcool à la main. Assis sur leurs fauteuils roulants, petites bavettes en tissus classe autour du cou, ils étaient jumelés à des tables par paires. Des serrages de mains, des sourires contents et des vestes pleines de badges étaient aux rendez-vous.
En tant que bénévole, on aide aux déplacements vers la cour extérieure, on place les bavettes, on sert breuvages et nourriture en plus d’en profiter pour piquer une p’tite jasette avec les résidents.
Ce qui se dégage de cette séance de bénévolat : beaucoup de bienveillance. La clientèle est entourée, libre de pouvoir se déplacer à plusieurs endroits, en toute sécurité. On est à deux mondes des horreurs relatées dans ce type d’établissement ces dernières années. Si tous les CHSLD pouvaient ressembler à celui de Sainte-Anne, nos aînés n’auraient aucune crainte à y séjourner. Probablement même le contraire.
Besoins criants
Les besoins en CHSLD sont plus grands depuis la pandémie, parce que les personnes plus âgées faisant du bénévolat ne peuvent retourner aider pour ne pas mettre leur propre santé en péril. À Montréal, des besoins sont surtout à combler à Dorval, Lachine et Lasalle.
La qualité et l’efficacité des activités en CHSLD augmentent grâce au bénévolat. Tous les événements auraient lieu quand même, mentionne France David, qui coordonne les bénévoles. Mais, ça facilite la tâche à tout le monde et rend le tout plus agréable d’avoir des bras et des cœurs de plus.
4 possibilités de bénévolat
Loisirs : Aider aux activités de loisirs organisées par le centre : bingo, diners spéciaux, etc.
Visite amicale : Visiter un ou une résidente dans le but de socialiser en se promenant ou en jouant aux cartes, par exemple.
Programme de lecture : Venir faire de la lecture aux résidents, individuellement ou en groupe.
Accompagnement de fin de vie : Offrir de l’accompagnement aux gens en fin de vie, pour que personne ne parte seul. Une formation spécifique est donnée au préalable.
Pour devenir bénévole, vous pouvez consulter ces pages et écrire aux personnes ressources
Est de l’île : https://ciusss-estmtl.gouv.qc.ca/carrieres-et-stages/devenir-benevole/devenir-benevole-dans-un-centre-dhebergement
Ouest de l’île : https://ciusss-ouestmtl.gouv.qc.ca/benevolat-et-fondations/benevolat/